La Grenade Tortue



Soldats allemands posant dans une tranchée de première ligne.
L'un d'eux tient dans sa main une grenade tortue du petit modèle.


La grenade tortue a reçu cette appellation de par sa forme très particulière mais porte comme réel nom celui de grenade disque, soit Diskushandgranate en allemand. Il s'agit d'un modèle de grenade à main apparue au début du conflit durant l'année 1915 dans cette période de la guerre où les inventions, déjà très nombreuses, se multiplient.



I - LES DIFFERENTS MODELES



Photographie présentant quelques une des grenades en service dans l'Armée allemande.


La grenade dite "tortue" est une grenade à main percutante lenticulaire. Elle existe en deux versions dont nous allons essayer de détailler les caractéristiques dans les paragraphes qui vont suivre.
A savoir qu'il est étonnamment fait mention dans certaines documentations d'époque d'un troisième modèle !


               A) La Diskushandgranate ( Dshgr. ) :

Bien souvent appelée grenade tortue dite "défensive", il apparait que la Diskushandgranate alter Art ( autre nom qui peut lui être donné ) est utilisée en combat rapproché par l'infanterie et le génie, aussi bien pour les phases d'assaut que pour la défense.
Je n'ai pas trouvé de documents probants confirmant sa date d'apparition exacte mais certains collectionneurs invoquent un brevet dès 1911 pour une adoption en 1913. Pour ma part, je pense que cette grenade fut à l'étude dès la fin de l'année 1914 pour une apparition effective sur le front début 1915. Ce modèle est en tout cas le premier à avoir été mis en service.



Soldats allemands dans une tranchée tenant 3 petits modèles de la grenade disque
ainsi qu'une grenade à fusil modèle 1914.



Composée de 2 coquilles peintes en noire, réalisées en fonte pré fragmentées intérieurement et rivetées entre elles par 8 rivets en aluminium, cette grenade dispose d'un système de mise à feu des plus curieux réalisé en aluminium moulé et pouvant comporté un marquage. Ce dernier est formé de 6 tubes présentant l'aspect d'une étoile faisant saillie.
Une étiquette ronde de couleur blanche est collée sur l'une des faces de l'enveloppe de la grenade et rappelle qu'il faut insérer le détonateur avant son utilisation ( vorgebrauch Sprengkaspel einsetzen ).



Diskushandgranate alter Art avec son dispositif de mise à feu et ses sachets pour explosif.



D'un poids total de 360 grammes, ce projectile de 8cm de diamètre environ contient 20g de tolite ( explosif brisant apparu en 1902 et portant également le nom de Trinitrotoluène ou encore de Fp. 02. pour Füllpulver 02 ). Il est disposé à équivalence égale de part et d'autre du système de mise à feu dans 2 sachets de toile cousus. L'explosion projettera dans un rayon de 150 mètres pas loin de 35 éclats jugés efficaces selon les manuels d'époque.

Il faut noter qu'une seconde version de cette grenade, production vraisemblablement plus tardive, arbore une goupille de sécurité. Il faut dire que la préservation de l'intégrité physique des soldats par les hautes-autorités est un devoir sur lequel il ne faut pas lésiner !

Une troisième et dernière variante présente quant à elle un système de mise à feu différent. En effet, ce dernier réalisé dans un autre matériau donne l'impression de dépasser encore un peu plus de la coquille que le précédent du fait de sa finesse et présente, outre un bouchon allongé pour tube détonateur, des vis de fermeture similaires au modèle de grenade qui va être présenté dans le paragraphe suivant.



Grenade tortue du 3ème type avec dispositif de mise à feu bien particulier.



               B) Diskushandgranate 15 :

Dans les manuels allemands, ce modèle de grenade peut également porter le nom de Diskushandgranate neue Art ( 15 ), tandis qu'en France on a tendance à le dénommer grenade tortue dite "offensive" en opposition au précédent modèle présenté. Pourtant, ce modèle de grenade convient aussi bien en attaque qu'en défense et s'avère particulièrement efficace par jet dans la position ennemie.



Grenade tortue modèle 1915 dépourvue de sa goupille de sécurité.



De même profil, bien que d'un diamètre plus imposant, cette grenade de 10 cm de diamètre est composée d'une enveloppe réalisée cette fois-ci en tôle emboutie. Apparue en 1915, sans doute postérieurement au modèle précédent, cette grenade fut d'initiative développée avec goupille de sécurité.
Son dispositif d'amorçage se décline par ailleurs en plusieurs modèles qui diffèrent très largement d'un exemplaire à un autre ! On retrouve ainsi des dispositifs moulés en une seule pièce, des exemplaires en 2 parties voire des modèles constitués de six tubes vissés dans une pièce centrale ronde ou carrée.
Peint en noire, voire parfois dans une teinte claire comme le démontre certaines photographies d'époque, ce projectile arbore un poids de 415 grammes dont 130 grammes d'explosif chloraté Sprengstoff, soit 65 grammes par sachet. Pouvant être lancé à la main entre 30 et 40 mètres, ce modèle de grenade tortue reste dangereux dans un rayon de 200 mètres, pouvant produire entre 70 à 90 éclats meurtriers.



Gradés de l'Armée allemande posant fièrement avec des grenades disques dont la teinte claire est par endroit visible.



               C) Schleuder-Diskushandgranate :

Cette grenade de 18cm de diamètre est malheureusement décrite très sommairement dans un ouvrage allemand de 1918 présentant l'ensemble des artifices utilisés par l'Armée durant le conflit. N'en ayant pas trouvé d'autres traces dans une quelconque documentation d'époque, ni même d'exemplaire éventuellement découvert sur le terrain, il m'est impossible de vous en dire plus à son sujet hormis qu'elle serait destinée à une catapulte bien spécifique comme son nom l'indique.

Dès lors, une image m'est tout de suite venue à l'esprit, bien que rien ne prouve qu'il s'agisse ici d'une adaptation réalisée pour pouvoir employer ces grenades disques à l'aide d'une catapulte à système rotatif, même si cette photographie d'époque très connue le laisse tout du moins le supposer.



Photographie de la catapulte qui tirait peut être les fameuses grenades "Schleuder Diskushandgranaten".


En effet, la forme des projectiles fixés à l'extrémité de ses bras permet d'envisager une telle hypothèse. A savoir que cette catapulte très artisanale ( quoi que … ) qui dut être employée dans un secteur bien précis du front existe également dans une autre configuration, avec cette fois-ci la possibilité de faire usage de projectiles autres qui semblent être des "tuyaux de poêle".


               D) Les Grenades tortue d'instruction :

Comme pour tout type de grenade, des exemplaires destinés à l'instruction des troupes étaient mis à disposition des soldats. Ainsi, la grenade disque n'y échappe pas, d'autant plus qu'elle est d'un maniement très dangereux, il est donc essentiel d'en connaître parfaitement le fonctionnement et donc de s'exercer avec des exemplaires destinés à cet effet, les Übungs-Diskushandgranaten. Ces entrainements permettront par ailleurs au soldat de s'entrainer dans la précision et la distance du jet.



Troupes allemandes à l'entrainement s'exerçant au maniement de la baïonnette, des grenades à manches et des grenades disques.



On retrouve plusieurs modèles de grenades tortues d'exercice dites "défensive" du type Diskushandgranate alter Art.L'un d'eux est moulé d'une seule pièce et est non peint, rien ne renseigne sur sa fonction même si sa construction ne laisse aucun doute. Un nombre est estampillé à froid sur l'une de ses faces.
Un second modèle est quant à lui peint en rouge, couleur des munitions d'exercice à proprement parler dans l'Armée allemande. Son dispositif de mise à feu est fait d'une pièce et est inerte.
Un troisième et dernier modèle est une grenade ordinaire dont le marquage Üb. pour Übung démontre qu'elle était destinée aux exercices, sûrement en phase finale afin de se familiariser avec de véritable modèle.



Cliché présentant les 3 modèles de grenades tortue de petite taille destinés à l'instruction des soldats.
Les deux exemplaires de droite ont été découverts dans un étang de la région Quaregnon en Belgique.



La grenade tortue dite "offensive" d'exercice, de type Diskushandgranate 15, se décline quant à elle en un seul et unique modèle. Il s'agit d'un exemplaire peint en rouge et portant en gros sur l'une de ses faces la lettre Ü en noir faisant référence à Übung. Le dispositif de mise à feu qui le compose est totalement inerte et très reconnaissable ( absence des vis de fermeture notamment ).



Grenade lenticulaire de grande taille pour l'exercice découverte dans les Vosges.



Outre ces deux catégories de grenades d'exercice qui nous sont parvenues jusqu'à présent, nous avons pu analyser un modèle dont nous n'avons pu déterminer l'origine exacte, bien qu'il semble s'agir d'une grenade d'instruction en coupe didactique représentant sans doute un modèle de projectile "défensif".
D'un poids de 50 grammes, la partie centrale démontable laisse apparaître ce dont à quoi le dispositif d'amorçage pouvait ressembler.



Grenade disque dans une version en coupe didactique.



               E) Des Grenades de même profil :

On retrouve quelques modèles de grenades dont le profil fait fortement penser à celui de la grenade disque. Je n'ai pu trouver de renseignements précis sur leur origine mais il semble s'agir de projectile réglementaire dans l'Armée Norvégienne existant également pour l'exercice et donc peint en rouge au lieu de l'habituelle teinte noire.



Grenade d'une Armée étrangère reprenant les traits si caractéristiques du modèle allemand.




II - MODE D'EMPLOI ET UTILISATION



Soldats allemands équipés de grenade disque, de grenade boule et de grenade à manche.



               A) En tant que grenade à main :

Comme on a pu le voir, les grenades disques disposent d'un système de percussion assez original utilisant le principe de la force centrifuge. A savoir que les deux modèles de grenades, défensif comme offensif, s'utilisent de la même façon.



Schémas de l'intérieur des grenades disques de petit et grand modèle.



Ainsi, dans un premier temps et comme le rappelle la petite étiquette collée sur la coquille de la grenade, il faut amorcer cette dernière. Pour cela, il faudra dévisser le bouchon estampillé d'un S ( Veschlufsschraube mit S pour Sprengkapsel, soit détonateur en allemand ) disposé du côté opposé à la goupille, vider la sciure de bois qui obture le tube puis y placer le détonateur, sans oublier bien évidemment de revisser le dit bouchon.

Au moment de son emploi, il faudra armer la grenade en enlevant avec précaution le capuchon peint en rouge et fixé par 4 griffes en faisant bien attention de ne pas laisser s'échapper la tige en laiton ( Vorstecker ) dissimulée à l'intérieur du tube qui, seule, empêche le fonctionnement de la grenade; cette dernière empêchant tout contact entre les 4 masselottes ( Zündhütchen ) des tubes perpendiculaires et les pointes de l'étoile ( Nadelplatte ) se trouvant dans la cavité centrale.
Lors du lancer, le soldat devra donc placer son index sur l'orifice de ce fameux tube pour empêcher l'expulsion de la tige de sureté et effectuer un mouvement de telle sorte que la grenade tourne sur elle-même verticalement et tombe de ce fait de profil et non à plat !
C'est à ce moment précis que le principe de la force centrifuge prend tout son sens, propulsant aux extérieurs des 4 tubes les masselottes alors amorcées; la tige de sureté du fait du bouchon enlevé ayant été éjectée ! Dès lors, aux moindres chocs, l'une de ces 4 masselottes sera projetée vers l'une des pointes de l'étoile de la cavité centrale dont la flamme provoquera l'explosion du détonateur et donc de la grenade.


               B) En tant que piège :

Même si je n'ai trouvé aucune documentation d'époque en faisant mention, Patrice Delhomme dans son ouvrage sur les grenades allemandes nous dit que ce projectile peut "constituer des batteries de pièges vite tendus et très efficaces contre les patrouilles nocturnes". Cette affirmation ne doit donc pas être issue de son imagination mais bel et bien d'un constat. Elle s'avère d'ailleurs tout à fait possible, à l'instar de d'autres grenades équipées de système de mise à feu très sensible comme la grenade boule avec son système bilboquet, à savoir la Kugelhandgranate mit Aufschlagzünder et dont cette fois-ci des écrits d'époque abordent le sujet.


               C) En tant que projectile employé avec un lanceur :



Grenades tortues modèle 1915 utilisées avec une catapulte et ce afin d'atteindre des distances bien supérieures à celles obtenues par un jet à la main.



Comme on a pu le voir en début de cet article, la Schleuder-Diskushandgranate était un modèle de grenade de grande taille destiné à être employé avec un type bien spécifique de catapulte.Il faut savoir qu'un tel emploi a également été observé mais cette fois-ci avec la grenade tortue offensive communément appelée Diskushandgranate 15. La catapulte dont il est ici question est un modèle développé par la célèbre firme Bosch, rien que ça !



Grenades tortues modèle 1915 utilisées avec une catapulte et ce afin d'atteindre des distances bien supérieures à celles obtenues par un jet à la main.



La Wurfmaschine, c'est son nom, semble être le projet le plus abouti et a été produit dès 1916 en série ( cependant très limitée ). Cette dernière pèse 75kg et dispose de deux plaques signalétiques apposées sur son imposante armature de métal.

Un seul exemplaire connu à ce jour est présent au musée de Rastatt ( Pays de Bade ), c'est d'ailleurs le modèle que nous vous présentons ci-dessous et dont les photos sont extraites de l'ouvrage autrichien "Strom Troops" de Christian Ortner.



Photographies de la fameuse catapulte Wurfmaschine.



Les plaques signalétiques que nous avons mentionnées plus haut, outre le fait qu'elles renseignent sur le fabricant, nous en apprennent un peu plus sur les distances qui pouvaient être atteintes avec ce matériel selon la tension donnée au ressort ( comprise entre 1 à 5 ) ainsi que le type de munitions employées, sans oublier leurs nombres.
En effet, outre la Kugelhandgranate qui pouvait être propulsée à près de 150m, cet engin permettait également d'envoyer dans les airs des grenades suffocantes ( Gashandbomben ) ainsi que les fameuses grenades tortues ( Diskushandgranaten 15 ). C'est d'ailleurs avec ce modèle-ci que la configuration de lancer sera optimale, permettant dès lors d'atteindre une portée située aux alentours des 200m pour une seule grenade employée !



III - TRANSPORT ET CONDITIONNEMENT



Soldats au repos dont l'un d'eux a accroché sur sa veste une grenade tortue "défensive".
On notera également la présence de grenades à fusil modèle 1913 ainsi qu'un Minenwerfer Mauser.



               A) Ceintures porte-grenades :



Homme de troupe équipé d'une ceinture spécifique lui permettant d'amener avec lui des grenades disques.



Le transport des grenades tortues pouvait se faire en grand nombre dans le sac à pain ( Brotbeutel ) ou tout simplement dans les poches d'uniforme du lanceur. Une ceinture en toile verdâtre ( Gürtel ) de teinte plus ou moins prononcée fut cependant spécialement adoptée. Cette dernière est composée de 4 compartiments dont le rabat des poches se ferme grâce à des boutons pression parfois marqués.



Vue d'une de ces fameuses ceintures porte-grenades découverte en brocante à Paris.



Peu courants comme pièces d'équipement, plusieurs modèles nous sont cependant parvenus. Ainsi, tous mettent en avant une fabrication soignée, qu'il s'agisse de pièces de grenier, voire même d'un exemplaire de terrain découvert dans sa caisse d'origine lors d'une plongée dans un lac !

Les photographies d'époque les présentant peuvent également être considérées comme rares; Patrice Delhomme dans son ouvrage sur les grenades allemandes en présente justement un modèle sur le dos d'un chien accompagnant des pionniers en 1916.



Hommes lourdement équipés en vue d'un futur assaut.
Le soldat à l'extrème droite porte autour de sa taille une ceinture pour le transport des grenades tortues.



A savoir qu'un second modèle de ceinture a pu être observé. Ce dernier comporte non plus 4 mais 5 compartiments qui s'avèrent être de plus petites tailles; différence pouvant s'expliquer très certainement par l'utilisation de grenades tortues défensives de diamètre moindre que le modèle offensif. Si tel est le cas, on peut supposer que ce modèle fut développé le premier, la grenade de petite taille étant issue d'une fabrication plus précoce.



Pièce d'équipement dont les similitudes avec le précédent modèle ne laissent guère de doutes.



               B) Caisse de conditionnement :

Les grenades tortues étaient conditionnées par 50 ( 49 + 1 modèle d'exercice ) dans une caisse en bois munie de cordes en guise de poignées de transport et d'un système de fermeture centrale tout à fait ordinaire. L'intérieur de la caisse était compartimenté en 5 espaces devant accueillir en plus des 50 grenades, la ceinture de toile destinée au transport des munitions ainsi qu'une boite de 52 détonateurs.
Malheureusement, aucune source fiable ne me permet d'avancer si ce type de caisse était exclusivement destiné à un modèle de grenades, voire aux deux.



Photographie française faisant partie d'une série présentant diverses prises de guerre,
ici en l'occurence une caisse de Diskushandgranaten.



De nombreux marquages à la peinture noire sont disposés ici et là.
Ainsi sur le couvercle, on retrouve la mention "50 - Diskus -" surmontée d'un code composé de chiffres et de lettres que je n'ai pu identifier, faisant sans doute référence à un numéro de nomenclature du fabricant.
A l'avant de la caisse, ce sont les mots Spreng et kräftig ( entre guillemets ) qui apparaissent et qui peuvent se traduire comme "Explosif puissant" ou plus laconiquement "Danger explosifs".



Clichés de l'unique caisse de grenades tortues que j'ai pu répertorier en collection.



A l'intérieur de la caisse, notre attention est retenue par nombre d'étiquettes collées sur le couvercle et dont l'agencement peut se différencier d'une caisse à l'autre.
Sur l'unique exemplaire que j'ai pu recenser en collection, nous retrouvons une étiquette papier illustrant le mode d'emploi de la grenade et accompagnée du texte suivant Gegen Feuchtigkeit zu schützen. Sprengkapsel cor Gebrauch einseitzen. Vorstecker nicht herausnehmen, da sonst gefaht qui rappelle différents points importants comme protéger les caisses de l'humidité et donc de la pluie puisque les grenades y sont très sensibles, mais également ne pas oublier d'introduire le détonateur avant utilisation ( mention que l'on retrouve sur l'étiquette accolée sur la grenade justement ), sans oublier de ne pas retirer la goupille de sécurité et ce afin d'éviter tout risque.



Vue des 3 phases d'emploi de la grenade tortue issue du manuel d'époque de présentation de cette munition
et qui se retrouve afficher sur l'une des étiquettes à l'intérieur de la caisse de conditionnement.



Outre celle-ci, on retrouve une seconde étiquette collée indiquant, entre autres, qu'il faut retourner la caisse vide au dépôt de matériel de combat rapproché de Posen notamment ( "Leer zurück an Mahkampfmittel - Depot" ); mention déjà observée sur les caisses de grenades Kugelhandgranaten équipées du système de mise à feu bilboquet et, qui d'ailleurs, présentaient également un mode d'emploi illustré, les conditions d'utilisation étant tout aussi compliquées.
De plus, cette étiquette nous renseigne sur le fabricant lui-même, à savoir Dynamit-Actien-Gesellschaft vormals Alfred Nobel & Co. situé à Hamburg, et laisse apparaître les quelques mots "Vor Feuchtigkeit schützen" qui rappellent encore une fois qu'il faut protéger l'ensemble de l'humidité !
A savoir que l'origine de cette firme qui fut très active à l'époque remonte au 21 juin 1865, date à laquelle Alfred Nobel & Co. fut fondée à Hambourg par le chimiste et industriel suédois, Alfred Nobel, dont on remet chaque année des prix de nos jours.

Une troisième et dernière étiquette nous renseigne quant à elle sur les dates de fabrication du détonateur et des masselottes ainsi que la personne ayant conditionné l'ensemble et ce afin de garantir un tracé de l'ensemble en cas de défaut d'un lot; système repris également pour le conditionnement des fusées d'obus.



Casemate renfermant bon nombre de matériels divers et variés dont des caisses de Diskushandgranaten
mais également des lances-fusées et leurs étuis à cartouches ainsi que des grenades à fusil modèle 1914.



En conclusion, nous pouvons donc dire que la Diskushandgranate, grenade emblématique de la première guerre mondiale, de par ses nombreux avantages fut utilisée en masse durant le premier conflit mondial; son efficacité qui n'est plus à prouver y étant sans doute pour quelque chose. Par ailleurs sa diversité, tant dans ses modèles que ses accessoires, en fait un thème agréable à étudier comme vous avez pu le voir, d'autant plus que planent encore à son sujet de nombreux mystères qu'il nous reste à découvrir. Ainsi, la grenade tortue n'a pas fini de nous livrer tous ses secrets…



Tranchée allemande où reposent des grenades tortues et à manche à disposition.
On remarquera aussi deux dispositifs pour prévenir en cas d'attaque au gaz, les fameux Gaz-Alarm.








Sources:
- Manuels d'époque sur les deux principaux types de grenades disques
- Compilation des diverses munitions employées par l'Armée allemande éditée par le Comité d'ingénieurs de l'Armée Allemande - Janvier 1918
- Notice succincte sur les divers modèles de grenades actuellement en service dans l'armée allemande édité par l'Armée Française - Avril 1918
- Les grenades à main allemandes en 1918 par Anthony C. Medahl - Magazine allemand "Zeitschrift für Heereskunde" N°350/351 Juillet-Octobre 1990
- Les Grenades allemandes de la Grande Guerre par Patrice Delhomme

Photographies:
- Archive et collection personnelle
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- Olivier Gérard
- Quentin Houbion
- Rémy Risacher
- Thierry Kosinski
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- Sébastien
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