La visite du Sokol



Un mouton de Macédoine et en toile de fond, le Kaimaktsalan, toujours enneigé en ce mois de Mai.


De par cet article, nous allons essayer de vous faire voyager. En effet, deux passionnés du premier conflit mondial ( Frank R. et Fabien ) nous ont gâté en nous proposant un reportage photo d'un secteur méconnu, loin des champs de batailles "ordinaires" comme celui Verdun. Ainsi, par le biais d'une multitude de clichés agrémentés de textes habilement écrits, vous allez être transportés à leurs côtés, à la frontière de la République de Macédoine et de la Grêce, dans une visite inoubliable, celle du Sokol dans la bataille du Dobropolié!


Le 15 septembre 1918, l'Armée d'Orient va s'attaquer aux positions Germano-Bulgares qui se sont fortifiées dans le roc depuis plus de deux ans. C'est dans ce retranchement situé a plus de 1800 mètres d'altitude, jugé infranchissable, que la rupture de front se fera.
Cette bataille des cimes, gagnée par nos poilus, va entraîner la capitulation de l'armée Bulgare 15 jours plus tard. En effet, jamais notre ennemi n'arrivera à stopper l'élan des alliés qui se dirigeront jusqu'au Danube après cette victoire éclair sur le front Greco-Serbe. En 2010 et 2011, je me suis cassé les dents sur ce massif! Cette année, mieux préparé et surtout mieux accompagné, j'ai enfin pu découvrir ce secteur stratégique à cheval sur la frontière de deux pays qui ne se comprennent toujours pas.

Pour atteindre ce massif, pas de route en provenance de Grèce ni même de République de Macédoine, il faut donc emprunter des sentiers qui sont encore au mois de Mai recouverts de neige et traversés par des ruisseaux. Il faut donc louer les services d'un chauffeur local qui lui seul est capable de gravir ces sentiers perdus, et qui, bien évidemment, aura au préalable averti les autorités de votre passage dans la région.



Les sentiers pour atteindre le Sokol, 4x4 obligatoire.



Malgré l'usage d'une belle mécanique Russe, il faut parfois déblayer la route enneigée.


La dernière marche se fait à pied avec un dénivelé de 200 mètres pour enfin atteindre les cimes et voir la Grèce et surtout le terrain accidenté et pentu que nos hommes ont du conquérir sous le feu des mitrailleuses encore en service après la préparation d'artillerie du 14 Septembre 1918.



Les derniers mètres à pied.



La pente gravie par nos hommes le 15 Septembre 1918 sous le feu des mitrailleuses.



Objectif atteint, je suis sur le Sokol !


L'ascension se mérite puisqu'il faut en effet compter 3 heures de route de Bitola et à partir de Staravina, l'état de la chaussée est franchement chaotique.
Sur ces hauteurs, les tranchées Bulgares souvent intactes couvrent toute la ligne frontière tout comme les restes de blockhaus que notre artillerie n'a pas épargnés.
A savoir que les vestiges terrassés en Macédoine sont bien présents mais que plus un seul morceau de ferraille, y compris sur le Sokol, n'a survécu puisque tout a été récupéré, avec souvent des drames suite aux manipulations des explosifs par des mains non expertes, par les habitants pour soit, leurs utilisations personnelles ( jusque dans les années 80, nombre de ruraux faisaient encore leurs besoins dans des casques ), soit pour la vente des matériaux.



Tranchées bulgares sur les cimes.



Sape Germano-Bulgare.



Blockhaus touché au but par notre artillerie.



Borne frontière Greco Macédonienne.


L'hospitalité en Macédoine n'est pas un simple mot que l'on lit dans les guides touristiques, sur le terrain, on le constate avec plaisir !
Ce qui est incroyable c'est que ces gens qui vivent loin de la ville, sans l'électricité ni même la radio, ont réussi à se transmettre l'histoire de leur région et ce sont ces mêmes personnes qui vous accompagnent en montagne pour nous montrer les vestiges laissés par le conflit de la Grande Guerre en Macédoine.
Les anciens véhiculent l'histoire par la parole comme le dirait justement Letizia, "Pourvu que ça dure !".




Dans un autre village, à Brnik, situé à 30 kms du Sokol, c'est un berger de 89 ans vivant seul dans son village qui nous a fait la visite.
Il fallait le suivre le papy! Incollable sur les sapes, les tranchées, les maisons occupées par les militaires, etc…



Notre guide, un berger de 89 ans.



Passionné, cet ancien connait tout du coin dont ce souterrain.



Malgré son âge, il semble infatigable.


Notre objectif était donc rempli! Nous avions atteint le Sokol et pu visiter ses alentours. Cependant, cela nous aura pris bien plus de temps que nous l'avions imaginé et c'est avec regret que notre visite s'acheva.
Ces moments inoubliables ont fait naître en nous de nouvelles envies et c'est ainsi que nous nous sommes fixés un nouvel objectif: gagner et visiter le Dobropol ( traduisez par "la belle prairie" ) et surtout, retrouver les traces du monument inauguré en 1938 par Louis Cordier, président de l'Association des anciens combattants d'Orient. C'est donc ce que nous verrons lors d'une prochaine visite sur la ligne de front dans les Balkans.








Sujet proposé initialement par Franck R. sur le Forum Pages 14-18 ( http://pages14-18.mesdiscussions.net/ ) et remanié par nos soins.



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