En Meurthe-et-Moselle



Afin de mieux se situer, ce reportage a été réalisé dans un lieu situé sur un réseau de premières lignes allemandes en Meurthe et Moselle, tout proche du département de la Meuse. A cet endroit précis, les lignes françaises sont distantes de plusieurs dizaines de mètres, les fourneaux de mines sont donc idéals pour atteindre l'ennemi "sans" essuyer les tirs de l'artillerie qui se font de plus en plus précis avec les années.




RAPPEL:
Il est important de rappeler que ce type de visite peut s'apparenter à de la spéléologie !

Ainsi il est nécessaire, avant d'envisager une éventuelle descente dans ces profondeurs, d'avoir un minimum de connaissances dans ce domaine et de surtout disposer d'un matériel adéquat comprenant divers effets tous aussi importants les uns que les autres.

Nul besoin de rappeler que tout comme pour la manipulation de munitions diverses, de nombreux accidents ont déjà eu lieu et que plusieurs décès sont ainsi recensés. En effet, outre la possibilité de crises d'angoisses dues au confinement et à la profondeur à laquelle sont situés certains abris, ces accidents sont souvent dus à des affaissements de terrains; il ne faut également pas oublier la présence d'éventuelles poches de gaz qui ne sont que très rarement détectables… Méfiance donc !





Nous voici donc au cœur d'une tranchée où se dessine en avant ce qui semble être des abris !

A gauche, l'on peut observer une entrée bétonnée donnant sur des pièces dont l'une principale censée accueillir des lits superposés. La configuration de cet abri souterrain tout comme son organisation ne fait aucun doute: nous avons à faire à une annexe où s'organisait la logistique de quelque chose de bien plus gros...




C'est donc sur le côté droit de cette tranchée que notre reportage va prendre tout son sens. En effet, c'est bien cette entrée renforcée de béton et de tôles ondulées, le tout surmonté de sacs de ciment, qui va déboucher sur quelque chose de bien plus conséquent: un véritable labyrinthe de galeries creusées par l'homme et ce dans l'unique but de faire exploser des centaines de kilos d'explosif, voire des tonnes, sous un ennemi hagard qui ne sait quand son heure sera venue !



Une fois à l'intérieur, c'est une grande pièce qui donne à sa droite sur ce qui semble être un dépôt où devaient s'entreposer très certainement outils et appareils respiratoires de secours.



C'est véritablement en face que tout se passe. Un long couloir se déroule sous la lueur de nos lampes, celui-ci semble interminable! Les lieux vous hérissent le poil, l'atmosphère y est pesante ... d'autant plus que nous ne savons pas où nous mènera ce lugubre passage !



Certaines parcelles, malgré les presque 100 ans qui nous séparent, laissent entrevoir des parties boisées.



Nous continuons accroupis à parcourir les lieux avec parfois la malchance de tomber sur un sol inondé.




Petit à petit, d'autres couloirs apparaissent... à gauche, à droite, puis ce sont de légers paliers qui montent, redescendent pour nous emmener un peu plus profond encore sous terre.



Ici et là ont été creusées dans la paroi des niches tandis que de nombreuses traces noirâtres nous laissent imaginer les bougies qui trônaient là à l'époque...



Ce dédale humide ( les murs et minéraux sont là pour nous le rappeler ) est de plus en plus oppressant et c'est bientôt à des paliers beaucoup plus imposants auxquels nous avons à faire qui nous entrainent encore à plusieurs mètres de profondeur sous terre.



Et puis rebelote, des escaliers à monter... une pente interminable.



A savoir qu'à l'une des intersections présentes dans cette galerie, à quelques mètres d'une sortie en plein No Man's Land, se trouvaient 4 systèmes très ingénieux comprenant fils de fers barbelés et queues de cochons. Ces dispositifs ainsi placés à l'une des multiples sorties au grand air devaient être embarqués par deux/trois hommes et déployés la nuit entre les lignes pour combler les quelques brèches formées.





A l'intérieur de cette galerie, très peu de matériel quel qu'il soit...il faut dire que ce genre de construction n'est censée accueillir que des travailleurs qui se relaient jour et nuit pour creuser en espérant que l'ennemi ne fasse pas de même en dessous et les prenne de court en faisant exploser un camouflet !

Cependant, quelques vestiges subsistent: des éclats de verre, un bidon et sous quelques éboulis à même le sol, le reste d'une cartouchière allemande modèle 1909.





Vers la fin de ce complexe, on retrouve une importante niche creusée sur la paroi du côté droit où se trouvent des restes de bois ainsi que ce qui semble être le vestige d'une cartouche pour lampe à carbure.
Au même endroit, on peut également observer une structure métallique qui, après identification, n'est autre que l'armature d'un wagonnet de mine réglementaire décrit dans un manuel allemand datant de 1911.




Pour illustrer mes dires, voici une photographie d'époque présentant ce wagonnet avec notamment la dite armature qui sert à treuiller celui-ci lors du passage dans un puits de mine, ainsi que l'anneau de traction de ce dernier.


Pionniers travaillant en Argonne dans la construction d'une galerie souterraine.
La mention "Glück Auf!" à l'entrée de cette dernière montre leur volonté de vouloir ressortir vivant de l'enfer dans lequel ils travaillent...


Mais mieux vaut ne pas s'attarder et ne trop rien toucher ... les bêtes veillent !



Assez parlé, tout ce réseau ne menant qu'à des sorties effondrées ou à des "culs de sac" très certainement achevés pour accueillir des fourneaux d'explosifs, nous faut maintenant rebrousser chemin et ressortir pour retourner à l'air libre!
Le retour va sans doute être plus rapide puisque comme vous vous en doutez, de précédents "explorateurs" ont déjà arpenté ces lieux et ces derniers, il faut le dire, ont bien fait leur boulot! En effet, ils nous ont facilité la tâche en procédant à la mise en place de fléchages en tous genres ( peinture fluo, étiquettes cloutées ou tout simplement fabrication artisanale avec les moyens du bord qui ici n'est autre que le bois! ) afin de mieux s'orienter dans ces profondeurs obscures, mais également en déroulant sur plusieurs dizaines de mètres de la ficelle ( visible sur certaines photos plus haut ) afin de se repérer au mieux en cas d'éboulement dans les parties les plus lointaines de ce complexe souterrain.






La fin semble être de plus en plus proche, peu à peu l'air semble changé de nature et c'est un soulagement de voir enfin la lumière naturelle du soleil !



En tout, c'est près d'une cinquantaine de minutes que nous avons passé sous terre dans une galerie dont je n'ai trouvé jusqu'à présent en longueur rien de comparable !

Quelques mètres plus en avant, ce sont les restes d'un bunker au toit éventré que l'on peut découvrir. Très certainement un post avancé d'observation et c'est avec ces deux clichés que notre sortie terrain du jour se sera achevée !











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