Les Protections Allemandes
Soldats allemands posant fièrement avec du matériel nouvellement touché.
L'Etat-Major Allemand voyant que la guerre change de visage et s'enterre peu à peu, se doit de mettre au point, tout comme les français l'ont fait et ce bien plus tôt, des protections de tous types afin que le soldat se sente rassuré le plus possible, protégé dans cet environnement hostile. C'est l'année 1916 qui véritablement marque un tournant dans cette guerre puisque les Feldgrauen vont se voir équipé de tous nouveaux matériels, devenus mythiques aujourd'hui.
I - LA STIRNPANZER
A) La plaque frontale allemande.
L'observation des différentes blessures à la tête occasionnées par les projectiles de toutes sortes avait permis au chirurgien, August Bier, de réaliser dès 1916 une protection optimale. Ainsi le casque allemand apparaît, par sa solidité, comme extraordinaire pour l'époque! En effet, jamais auparavant une coiffure n'avait offert une telle protection aux combattants.
Malgré ses atouts, le casque d'acier, tout comme ceux des différents belligérants engagés dans le conflit qui touche alors le monde, n'est en mesure d'arrêter un projectile d'infanterie reçu de face à une distance dite "de combat". Ainsi, en réponse à ce problème, les responsables allemands créèrent une plaque frontale de blindage, la "Stirnpanzer".
Réalisée en alliage d'acier, cette plaque de couleur Feldgrau est épaisse de 4mm et apparaît comme très lourde puisqu'en moyenne, cette dernière pèse près de 2kg. Cette variation de poids s'explique par le simple fait du moulage qui ne peut être reproduit à la perfection.
En effet, la Strinpanzer contrairement au casque allemand n'est pas réalisée par une série d'opérations d'emboutissage et n'a donc pas réellement de finition. Ainsi, de nombreuses traces de moulage, bavure voir même de meulage sont visibles sur certains exemplaires !
La Stirnpanzer est de taille unique et s'adapte sur l'ensemble des casques d'acier quel que soit leur taille, d'où des divergences assez nettes concernant les boulons dont ils sont pourvus. La plaque de protection se fixe sur l'avant de la coiffure à l'aide de ses deux découpes en forme de crochet qui viennent s'engager sur les boulons que nous venons de mentionner. Celle-ci est maintenue à la coiffure par une courroie de cuir voire de toile très solide qui entoure le casque, l'empêchant ainsi de basculer vers l'avant et de sortir de ses logements. Cette dernière est rattachée à la protection, cousue ou rivetée, et se ferme par un simple système à boucle qu'il est possible de régler. Si l'on observe bien le Stahlhelm, on remarquera que le rivet arrière de la coiffe est légèrement plus gros que les 2 latéraux, ceci ayant simplement pour but de maintenir au mieux la courroie de la protection une fois celle-ci installée.
Le fabricant ainsi que les dépôts de réception de l'Armée ont apposé leurs marquages sur la plupart des objets formant l'équipement du fantassin allemand. Ainsi les Stirnpanzers n'échappent pas à cette règle, à quelques exemplaires près, avant d'être mises en caisse par 5. Les marquages les plus couramment rencontrés sur cette plaque de blindage sont estampillés à l'intérieur droit et représentent des numéros de série ainsi que ce qui semble être le sigle du fabricant, une sorte de cloche, symbole qui se rencontre également sur les pelles d'infanterie de la même époque. A été recensé également sur un exemplaire le marquage RV précédé d'un chiffre; marquage que l'on retrouve bizarrement sur les modèles de plaque austro-hongrois. A savoir que bien que beaucoup moins courant, certaines plaques sont régimentées !
Cette protection, destinée aux guetteurs de tranchées, est des plus désagréables pour celui qui la porte au vu de son poids élevé. Cependant, elle reste tout de même efficace puisqu'à une distance de tir usuel, c'est à dire de 200 mètres environ, une balle n'aurait aucun effet si ce n'est la projection de la victime au fond de sa tranchée.
La Stirnpanzer fut vite abandonnée par les troupes puisque dès 1917, il n'est pas nécessaire de rappeler que sur la plupart des fronts, la guerre de position revient dans sa phase dite "de mouvement", il n'est donc pas exclu d'en retrouver sur le front en tas !
Pour finir, certains chiffres indiquent que 30 000 exemplaires de cette protection furent produits, d'autres sources quant à elles évoquent le nombre de 50 000. Difficile de s'y retrouver donc mais ce chiffre qui peut apparaître important aux yeux de non avertis devient tout de suite insignifiant en comparaison des 7 500 000 casques d'acier fabriqués! Ce qui est certain, c'est que la Stirnpanzer reste un objet peu courant qui est donc fortement copié. Ainsi, ces nouveaux modèles sont de mieux en mieux réalisés même si certains détails ne trompent pas. On les retrouve fabriqués en fonte ou acier coulé mais également, pour les plus réussis, en acier embouti. Une résonnance ne délivrant pas le fameux "son de cloche", une épaisseur moindre, des crochets droits au lieu d'être en "baïonnette" sont autant de signes distinctifs qui peuvent permettre de ne pas se laisser berner par une reproduction vendue comme originale.
B) Le modèle de l'Armée Austro-Hongroise.
Cette armée, allié éminent de l'Allemagne, a fini par produire son propre modèle de casque d'acier après avoir adopté le fameux Stahlhelm allemand pour ses soldats, il n'est donc pas insensé que cette dernière ait mise au point sa plaque frontale de blindage.
Le rôle est évidemment le même, seul change le design puisque cette dernière arbore une forme rectangulaire qui épouse la forme du casque. La courroie est, tout comme pour la jugulaire du casque de ce belligérant, réalisée en forte toile renforcée de cuir et dont les œillets destinés au système de réglage à boucle sont en métal.
Certaines plaques sont estampillées comme les modèles allemands à l'intérieur gauche; on peut retrouver ainsi le marquage RV seul apposé.
II - LE MASQUE ELEPHANT
Soldat Canadien arborant une toute nouvelle protection
qui vient d'être ramassée sur le champ de bataille après un assaut.
( Photo issue du journal "Le Miroir" )
Cette plaque de protection pour le visage est destinée au même type de personnels que sa petite sœur, à savoir ceux positionnés en première ligne et faisant directement face à l'ennemi, on peut ainsi citer les guetteurs placés aux créneaux de tir ou encore les tireurs d'élite.
En effet, ces derniers sont les plus exposés aux tirs ennemis et les blessures au niveau du visage sont ainsi légions et ne cessent de grossir les rangs de ce que furent les tristement célèbres "gueules cassées" évaluées à plus de 15 000 durant le premier conflit mondial.
C'est pour pallier à ce type de blessures que fut mis au point par l'Etat-Major de l'Armée Allemande une protection qui protégeait à la fois le devant, mais également les côtés du visage de l'individu. Cette dernière fut dénommée "Masque Eléphant" même si cela reste à confirmer, il peut s'agir en effet d'un surnom donné par le monde des collectionneurs.
Il est difficile de dater cette plaque frontale même si un journal italien, "Domenica del Corriere", illustrait déjà en 1915 cette protection dans un article intitulé: Le Curiosità - Il nuovo casco tedesco.
Cette protection est peinte en Feldgrau et dispose de deux petites ouvertures, bien particulières, permettant au soldat qui en est équipé d'avoir une vue panoramique.
Epaisse de près de 6mm, la plaque éléphant arbore un poids d'un peu moins de 6 kilos, autant dire que le porteur devait avoir de bonnes cervicales pour supporter une telle charge. La forme spécifique de cette dernière n'est peut-être pas si innocente que ça; en effet, ses extrémités incurvées peuvent laisser supposer qu'on utilisait de préférence ce masque en position couchée, permettant ainsi de faire reposer la protection au sol. Par ailleurs, cette plaque de protection dispose d'une découpe bien particulière minimisant les difficultés liées à l'épaulement du fusil et donc du tir.
L'armature interne est en métal et se divise en deux parties, celle du haut étant fixée à l'aide de boulons en trois points contre deux pour la partie basse ressortant à l'extérieur sous forme de pointe. A savoir qu'à l'origine, cette dernière est recouverte de ce que l'on peut appeler des boudins rembourrés afin d'en améliorer le confort lors du port.
Cette armature a pour but la fixation d'éléments épais en cuir qui permettront un maintien optimal sur le visage du soldat. Ces derniers sont au nombre de trois, 2 étant rattachés aux parties basses et hautes de l'armature et passant derrière la tête du soldat pour être ensuite fixés par un système à boucle analogue à celui de la Strinpanzer; une troisième et dernière lanière est fixée sur la partie haute et vient par-dessus le crâne du porteur pour se clipser aux 2 autres sangles afin de solidariser l'ensemble.
4 Masques dits éléphant, tous différents !
A savoir que d'un exemplaire à l'autre, de nombreuses divergences sont observées tant au niveau de la forme, que de la taille ou encore du poids. Autant dire qu'il est nécessaire de bien observer une telle pièce lors d'un achat puisque considérée comme rare, il faut rappeler qu'elle ne fut apparemment produite qu'à 1500 exemplaires ( chiffre à vérifier bien évidemment ), de nombreuses copies pullulent sur le marché. Par ailleurs, nul besoin de rappeler que cette protection fut longtemps identifiée comme Anglaise et ce même dans certaines documentations anciennes. Cette hypothèse existe toujours de nos jours même si il ne fait aucun doute que le masque éléphant est bien allemand. En effet, les quelques exemplaires découverts sur le terrain l'ont tous été sur des positions allemandes, sur le front Belge plus exactement !
III - LA SAPPENPANZER
Egalement dénommée "Brustpanzer" ou encore "Grabenpanzer", cette cuirasse pèse en moyenne entre 9 et 11 kilos et est peinte dans la célèbre couleur Feldgrau. Réalisée en acier trempé, elle est épaisse de 22mm.
La Sappenpanzer existe en 3 tailles dont le numéro compris entre 1 et 3 est tamponné à l'encre noire à l'intérieur gauche de la cuirasse. On retrouve par ailleurs comme sur la plupart des équipements des marquages relatifs aux fabricants qui bien souvent sont composés d'un numéro de série accompagné d'un symbole pouvant représenter trois ronds entrelacés ( firme de production Krupp ). Sur un exemplaire de cuirasse, le tampon de ce fabricant a même été observé aux côtés de l'indication de la taille.
Position aux environs de Bullecourt ( Pas-de-Calais ) à la fin de la guerre.
On peut y voir un Tank anglais abandonné par les hommes de la British unit No.11 Company, D Battalion, ainsi que des Sappenpanzers.
Contrairement à la Stirnpanzer ou encore le Masque Eléphant, la Sappenpanzer peut se porter sur l'avant mais également sur l'arrière du corps. En effet, ici ne sont pas seulement visés les soldats en position statique qui effectuent la garde en première ligne et qui font face directement à l'ennemi mais également à tous les hommes, mitrailleurs, observateurs d'artillerie, téléphonistes qui sont exposés en terrain découvert ou non aux tirs de tous types pouvant provenir de n'importe quel angle.
La Sappenpanzer se compose d'un ensemble de 4 plaques dont 1 plastron qui épouse la forme du corps et est incurvé pour mieux protéger la gorge, ainsi que de trois tassettes bien distinctes. Chacune d'elle est reliée par deux sangles en toile ou en ortie rattachées à la plaque principale par des attaches mobiles et qui sont cousues, voir rivetées, aux plaques intermédiaires.
Entre chacune de ces plaques sont mis en place ce que l'on peut appeler des coussinets réalisés en feutrine, voir en ortie, qui éviteront à ces dernières de s'entrechoquer. Dispositif essentiel permettant de dissimuler tout bruit pouvant renseigner l'ennemi sur le déplacement de la troupe, un peu comme à l'instar des housses pour les gourdes.
Soldats allemands munis de Sappenpanzer effectuant un tir anti-aérien avec un canon 2cm Becker.
A savoir que certains exemplaires découverts laissent supposer que des Sappenpanzers ont anciennement été dépourvues de l'une de leurs plaques. Ceci se confirme avec des photos d'époque présentant même des modèles mis à nu, ne possédant ainsi aucune des 3 tassettes annexes dont elles sont originalement équipées. Ces modifications peuvent s'expliquer par la volonté d'obtenir une cuirasse de moindre poids ou encore l'usage de cette protection par un soldat de petite taille.
Divers documents allemands pris sur des prisonniers, dont un datant du 22 Juillet 1917, font part des nombreux inconvénients du port de la Sappenpanzer. Ainsi, on y apprend que le soldat qui en est équipé a du mal à effectuer des gestes simples; le lancement de grenades, le maniement du fusil, etc… devenant dès lors compliqués. Par ailleurs, cette cuirasse au vu de son poids n'est pas adaptée à la guerre de mouvement, les troupes d'assaut ne peuvent y trouver une quelconque utilité sauf à quelques exceptions près.
Suite à ces nombreuses plaintes, c'est le Général Ludendorff lui-même qui va rédiger une note indiquant que des améliorations vont être apportées à cette cuirasse afin que la troupe qui en aura fait l'expérience accepte sans peine les inconvénients.
Ainsi, outre le modèle principal de Sappenpanzer, on retrouve 3 variantes de cette protection qui reprennent à chaque fois les nouveaux éléments de ses prédécesseurs. Ces dernières sont apparues très certainement au deuxième semestre de l'année 1917 puisque reprises dans la note citée au-dessus.
La première de ces modifications consiste en l'ajout d'une sangle dorsal permettant un meilleur maintien au corps. Cette dernière se règle facilement grâce à une boucle en métal analogue à celle du sac à pain.
La seconde rend l'épaulement du fusil plus facile puisqu'une découpe élargissant le logement de l'épaule a été réalisée.
La troisième et dernière modification porte sur la mise en place de deux crochets sur l'avant permettant le port de charges lourdes et/ou rendant plus simpliste la mise en place du ceinturon. Par ailleurs on retrouve, pour permettre au soldat d'épauler au mieux possible son arme, une cale sur la partie supérieure droite.
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, la Sappenpanzer aurait été produite entre 400 et 500 000 exemplaires entre 1916 et 1918, soit presque 10 fois plus que la plaque frontale qu'est la Stirnpanzer. Cependant, tout comme elle, des reproductions existent, il faut donc être méfiant !
A savoir que cette cuirasse offre une protection suffisante contre les shrapnells mais ne résiste en aucun cas aux balles tirées à des distances inférieures à 500m.
Résultat de divers tirs effectués sur une Sappenpanzer avec des balles "D", "K", "APX", "S" et ce à différentes distances.
IV - LA CALOTTE D'ACIER GAEDE
Cette protection que l'on peut désigner comme mythique a été produite au courant de l'année 1915 dans les ateliers du parc d'artillerie de Mulhouse qui ne cessa d'étonner tant ses innovations sont nombreuses.
Officiers posant fièrement avec des protections Gaede dans les Vosges à l'hiver 1915.
C'est un officier issu du détachement d'armée Gaede ( Armeeabteilung Gaede ) et qui se trouve être sous les ordres du Général Hans Gaede ( General der Infanterie ), qui est à l'origine de ce projet.
C'est en observant ses hommes au combat, des Landwehr essentiellement, que le Lieutenant-Colonel Hesse ( Oberstleutnant ) se rendit très vite compte que le front des Vosges où ils sont engagés leur est défavorable. En effet, le terrain rocailleux dans lequel ils doivent évoluer ne facilite en aucun cas leur tâche, bien au contraire, les projections émises lors des bombardements ennemies provoquent d'autant plus de blessures à la tête qu'elles sont complétées par d'autant de fragments et d'éclats de roches issus de la nature montagneuse du secteur, le casque à pointe alors en service ne leur est donc que de faible utilité, ce couvre-chef bien que très décoratif ne protégeant que le haut de la tête !
Dès lors, devant la passivité du Haut-Commandement, cet officier décida de mettre au point une protection pouvant faire que le nombre des pertes dues à des blessures à la tête diminuent sensiblement. C'est ainsi que la calotte d'acier dénommée Gaede est née !
Cette protection qui n'est autre qu'un casque pèse approximativement 2.6kg et même si elle peut apparaître comme inadéquate au combat d'infanterie où les actions offensives se succèdent, elle reste néanmoins une bonne solution d'appoint dans ce secteur du front Alsacien, le massif des Vosges.
Composée d'une plaque d'acier de 0.6cm d'épaisseur environ peinte dans la fameuse teinte Feldgrau, cette protection arbore une forme très particulière qui protège la partie nasale du visage. Cette dernière dispose par ailleurs à chaque extrémité d'encoches permettant le passage d'une jugulaire.
Pour rendre plus confortable son port, une coiffe de tissu à laquelle est cousu un bandeau de cuir retourné, de teinte foncée proche du noir, composé de 8 dents de loup est présente. Cette dernière est ouverte à l'arrière, et renforcée à cette endroit même d'un triangle de cuir, afin d'être adaptée au mieux sur la tête, le serrage s'effectuant grâce à une lanière cousue au même endroit et se réglant par le biais d'un système à boucle. Le porteur pourra également régler en hauteur le positionnement de la calotte sur sa tête puisque les dents de loup disposent à leurs extrémités, comme pour chaque casque, de trous permettant le passage d'une fine lanière.
Cet intérieur est maintenu à la plaque en 4 endroits par de grosses vis s'engageant dans des rivets filetés dont une pastille de feutrine permet à l'ensemble de ne pas être en contact au niveau de ces emplacements, rendant encore un peu plus "douillet" le port de cette protection.
Jürgen Kraus dans son livre "The German Army" nous présente deux exemplaires dont l'un est intéressant puisqu'il s'agirait d'une fabrication précoce, l'autre étant à mon humble avis une copie sans égal tellement cette dernière est vilaine et ne correspond à rien de connu.
Ce modèle d'essai, issu tout comme l'autre exemplaire de la collection du Musée de l'Armée Bavaroise, situé à Ingolstat, est affublé de nombreux trous dont 4 encoches. La coiffe est réalisée cette fois-ci toute de cuir et n'est plus maintenant maintenue par le biais de rivets mais de vis et de boulons. Les dents de loups sont par ailleurs bien plus nombreuses tandis que les morceaux de feutrine sont devenus assez imposants !
Diverses sources laissent supposer que la calotte Gaede fut produite à 1500 exemplaires, seules 500 unités ayant été envoyées au front pour les hommes du "Armee Abteilung Gaede" alors en position sur une portion du front allant de l'Hartmannswillerkopf au Sud en passant par le Linge au Nord, c'est dire si ce type de protection est rare !
Ainsi, on voit de plus en plus apparaître de petits modèles de calotte, par ailleurs très bien vieillis, dont personne n'avait jamais entendu parler il y a encore quelques dizaines d'années. Aucun modèle de ce type n'est en outre présenté sur les photos d'époque et la petite taille de ce dernier ainsi que sa conception ne peuvent laisser imaginer un bon maintien sur la tête. Par ailleurs, les nombreux exemplaires de la protection Gaede découverts sur le terrain dans la vallée de Munster, au Reichsackerkopf entre autres, et qui s'élèvent à un peu moins d'une centaine, présentent pourtant à chaque fois les mêmes particularités à savoir une grande taille. Il est donc facile d'en conclure que la plupart des exemplaires "jus" vendus sur le marché ne sont pas originaux et viennent compléter la liste des objets parfois très bien copiés, voir inventés, dans le domaine du militaria car comme on le sait tous, tout ce qui est rare et recherché est bien souvent hors de prix !
Mai 1915, sentinelle équipée de la fameuse calotte Gaede dans une tranchée située sur une pente du Ilienkopf.
Photo extraite du livre "Scènes des tranchées dans les Vosges" d'Eric Balmier et Daniel Roess.
Cependant, les photos d'époque dont nous avons connaissance laissent planer quelques doutes puisqu'il est très difficile d'en conclure que les protections présentées, contrairement à celle découvertes sur les collines vosgiennes, soient exactement les mêmes et ce en tout point. La photo d'époque ci-dessous nous montre d'ailleurs que la jugulaire est ici directement rattachée à la coiffe, les encoches de la plaque servant apparemment à passer ce qui semble être une lanière qui permettra encore un peu plus de coller cette protection au front de son porteur.
Le mystère qui plane autour de la calotte d'acier est donc loin d'être terminé…
V- UNE PROTECTION MECONNUE
Dénommée "Kopfschild mit Kappe aus Drell" ( plaque protège tête avec coiffe en drap ), cette protection est réalisée par la firme de production privée Berg & Co.
Elle se compose, outre d'une plaque incurvée en acier de 7mm d'épaisseur curieusement semblable à la Stirnpanzer de fabrication austro-hongroise même si plus ancienne, d'une coiffe réalisée en plusieurs morceaux cousus de tissu de laine se prolongeant jusqu'à la nuque.
Pour un meilleur maintien sur la tête, de nombreuses sangles en cuir réglables par un banal système à boucle sont présentes. La plaque frontale est d'ailleurs rattachée à la coiffe par ce moyen d'où les deux encoches présentes à chaque extrémité de celle-ci permettant de laisser passer ces lanières de cuir.
Ces caractéristiques permettent à cette protection, selon le fabricant qui en fait la promotion, d'être à l'épreuve des balles et ce jusqu'à 10m ce qui peut paraitre inconcevable. N'ayant pas eu connaissance des rapports de tests, il nous est difficile de confirmer ou non ces dires.
Ce qui est par ailleurs certain, c'est que cette protection se décline en une multitude de variantes dont Berg & Co. n'hésite pas à présenter sous forme de dessins pour en faire la publicité dans un catalogue de l'époque. Il faut dire que le marché est important en période de guerre, tout ou presque est à réinventer !
Le seul cliché d'époque que nous connaissons, et qui représente cette plaque, prouve à mon humble avis que des exemplaires ont bel et bien été livrés au front. Certains avancent la possibilité d'une scène photographiée lors d'essais mais la configuration des lieux ne va pas dans ce sens. En effet, à ma connaissance, les troupes formées l'étaient dans des tranchées bien moins profondes et surtout non boueuses comme cela semble être le cas sur cette photographie.
Dès lors, nous pouvons nous demander si la firme Berg & Co n'aurait pas tout simplement distribué, et ce à titre gracieux, quelques exemplaires de ce matériel aux soldats engagés sur le front afin que l'Etat-Major puisse donner son propre avis et pourquoi pas passer commande par la suite? C'est en tout cas le genre d'hypothèse à laquelle il me plait à croire, même si ce type d'interrogation risque de rester en suspend pour longtemps.
Sources:
- Bulletin de renseignement du Génie - Avril 1918
- Casques et armures dans la guerre moderne par Bashford Dean - University of Toronto ( Canada ) / Yale University Press 1920
- Stirnpanzer: la plaque de blindage du casque allemand modèle 1916 par Maurice Sublet
- Calotte d'acier dans les Vosges du groupe d'armées Gaede par Rémy Risacher - Forum Histoire & Militaria 14-18 ( http://lagrandeguerre.cultureforum.net/ )
Photographies:
- Archive personnelle
- Michel Fétiveau
- David Charasse ( www.zitocland.com )
- Rémy Risacher
- Eric Siegel
- David Kittler
- Thierry Grulois
- Thierry Jousson
- Mike Welch ( USA )
- International Military Antiques ( http://www.ima-usa.com/ )
- Brett Butterworth ( Australie )
Vous avez une question, besoin d'un simple renseignement, n'hésitez plus ! Contactez-nous dès maintenant par mail sur HB_et_Cie@laposte.net