Cliché présentant des hommes du R.J.R. 241 saxon au repos dans leur tranchée.
On remarquera que certains d'entre eux portent autour du coup leur plaque d'identité modèle 1878.
Au fil du temps, celle-ci ne cessa d'évoluer et c'est ainsi qu'une multitude de modèles firent leur apparition au cours des années sans oublier leurs nombreuses variantes qui font qu'aujourd'hui, ce type d'objets bien souvent délaissé par les passionnés est revenu au goût du jour, pouvant de ce fait constituer à lui seul un thème de collection.
I - GENERALITES
A ) Les origines :
L'origine des plaques d'identité allemandes remonte contrairement à ce que l'on pourrait croire bien avant la première guerre mondiale.
En effet, en se plongeant dans la littérature allemande de la fin du 19ème siècle, on s'aperçoit que pour la première fois est fait usage le 3 Juillet 1866, durant la bataille de Sadowa près de l'Elbe en République Tchèque, de plaques d'identification dans quelques unités prussiennes.
Ceci semble se préciser avec l'ouvrage publié par le médecin-général prussien Dr. Löffler en 1868 ( Das Preussische Militär-Sanitätswesen und seine Reform nach der Kriegserfahrung von 1866 = Le service de santé militaire prussien et sa réforme après l'expérience de la guerre 1866 ) où il est mentionné l'emploi fait d'une plaque de reconnaissance, Recognoscirungsmarke, pendant le conflit qui vient de se jouer.
Huile sur toile de Georg Bleibtreu réalisée en 1869 et représentant
la bataille de Sadowa, plus communément appelée en Allemagne, bataille de Königgrätz.
C'est sans aucun doute la guerre franco-prussienne de 1870/1871 qui marque l'emploi à grande échelle de ces fameuses plaques. En effet, les Recognoscirungsmarken, appelées également Recognitionsmarken ( possibilité de l'usage d'un k au lieu du c ) vont alors être distribuées de façon générale à l'ensemble des unités employées dans la bataille.
Il faut savoir qu'une seule et unique plaque était fournie aux soldats ( hommes de rangs et sous-officiers ) contrairement à des pays comme les Etats-Unis où les hommes en percevaient un jeu de 2; les Officiers, Officiers médicaux, vétérinaires, fonctionnaires supérieurs devant eux-mêmes se procurer celle-ci annotée et ce par leur propre moyen ( coût bien évidemment à leur charge ).
A savoir que ces plaques d'identification vont voir leur dénomination changée définitivement dès le 10 Janvier 1878, date à laquelle parait le règlement sur le service de santé en temps de guerre ( Kriegs-Sanitäts-Ordunung ou K.S.O. ).
Ainsi, on y apprend que dorénavant on parlera de plaque d'identité, soit Erkennungmarke, et non plus de plaque de reconnaissance ( Rekognitionmarke ).
Pour finir, il est important de notifier que le Règlement Militaire Allemand du 22 Novembre 1888, nouvelle édition tenant compte des changements intervenus jusqu'en Avril 1904 ( heerordnung Ergänzungsbestimmungen zur Deutschen Wehrordnung vom 22. November 1888, Neuabdruck unter Berücksichtigung der bis April 1904 eingetretenen Änderungen ), dans son paragraphe 4, nous renseigne sur les procédures générales en cas de décès.
Dans son point 3, on apprend ainsi qu' "immédiatement avant l'inhumation les plaques et livrets des défunts sont enlevés et envoyés aux autorités ou unités tenant les registres des matricules des défunts".
Le paragraphe 5 consacré aux notifications de cas de décès aux unités précise dans son point 2 que "les médecins ne doivent en aucun cas ôter les plaques d'identité et les livrets individuels aux soldats décédés dans les postes de secours ou tombés sur le champ de bataille" mais que ceux-ci ne "seront enlevés que par le détachement militaire chargé de creuser les tombes. Le chef récolte les plaques d'identité et les livrets individuels et les transmet, si possible, aux unités concernées ou les fait transmettre par sa propre unité". Le point 3 indique en outre que pour "les personnes décédées au poste de secours principal ou durant le transport vers celui-ci, le commandant de la compagnie médicale veille à ce que les plaques d'identité et livrets individuels soient enlevés et que l'unité concerné y soit notifiée.".
B ) Les fabricants :
Bien que de fabrication "quasi artisanale" au début, les plaques d'identité firent très vite produites en grand nombre. Ainsi, ces dernières étaient commandées par le Ministère de la Guerre ou les dépôts d'habillement à des firmes privées de toutes sortes.
En effet, on y retrouve des fabricants d'articles en métal tels que Michael Hirschmann de Nuremberg, G. Heidenreich de Sonnenburg ( Neumecklenburg ), des fabricants d'effets militaires comme Anton Schweyer et Jos. Vierheiligen successeurs de Munich, A. Wunderlich Nachfolger à Berlin mais plus étonnement encore des usines d'harmonicas par exemple, avec entre autres Harmonika-Fabrik Schlott de Klingenthal en Saxe.
A savoir que les moyennes d'une commande étaient d'environ 40 à 80000 unités dont le prix avoisinait les 0.30 Marks la plaque pour 1000 pièces.
A titre d'information, les plaques d'identité produites pour la Bavière de Janvier à Novembre 1917 étaient de 425000 pièces; le besoin mensuel auprès du corps des troupes étant d'environ 22000 plaques.
Extrait du catalogue d'effets militaires de la firme berlinoise A. Wunderlich Nachfolger de 1911.
C ) Les inscriptions :
Comme on a pu le voir, les plaques d'identification servaient à renseigner sur l'identité de leur porteur. Celles-ci étaient bien souvent gravées en creux à l'aide d'un jeu de poinçons à lettre et à chiffre qui était entre autres mis à disposition de l'armurier au sein de chaque unité.
Il pouvait également être fait usage d'une sorte de "tampon", voire d'outils plus rudimentaires, comme nous le montrent les différentes frappes analysées sur les plaques d'identité. Ainsi, il n'est pas étonnant de rencontrer parfois, d'un modèle à l'autre, des écritures de styles différents de plus ou moins bonnes factures avec, par exemple, des lettres en italique.
Essentiellement gravées horizontalement, on retrouve quelques inscriptions suivant la courbe de la plaque tandis que d'autres vont être disposées de façon verticale.
Par ailleurs, il faut savoir que les plaques d'identité pouvaient arriver au service d'approvisionnement de l'unité pré-remplie selon la commande qui avait été passée auprès du fabricant ( d'où la présence d'inscriptions en relief ).
Hommes procédant en 1916 au contrôle des armes et à l'apposition de marquages sur différents effets,
dont notamment des plaques d'identité, les fameuses "Erkennungmarken".
A l'origine, les plaques d'identité portaient comme inscriptions la désignation de l'unité du soldat ( du nom du navire pour les matelots embarqués ), la sous-unité ( telle que la compagnie, la batterie, l'escadron, etc... ) ainsi que le numéro matricule de celui-ci ( du nom si il s'agit d'un officier ).
Cette abréviation d'unité était assez complexe puisqu'elle comprenait un chiffre correspondant au numéro provincial du régiment suivi d'une lettre en rapport avec l'initiale de la province, de deux lettres faisant référence à l'unité puis enfin d'un chiffre qui lui correspondait au numéro du régiment dans l'armée allemande.
Ainsi, nous pouvons prendre exemple du 1.S.G.R. 10: 1er Schesisches Grenadier Regiment Nr. 10 ( 1er régiment de grenadiers de Silésie, 10ème régiment prussien ).
Cependant, on vit très vite que cette façon de faire pouvait prêter à confusion. En effet, nous pouvons prendre l'exemple d'une plaque annotée 4.R.J.R. 30 qui indique le 4. Rheinisches Infanterie-Regiment Nr. 30 ( 4ème régiment d'infanterie de Rhénanie, 30ème régiment d'infanterie prussien ) et non pas comme on aurait pu le penser le Reserve-Infanterie-Regiment Nr. 30.
Le Commandant Noel du Ministère de la Guerre se rendit très vite compte de l'amalgame qui pouvait être fait et rédigea le 12 Juin 1915 une note intitulée "Proposition au sujet des plaques d'identité".
Dans cette dernière, on retrouve des explications de bon sens comme notamment :
"Les unités doivent recevoir des instructions précises sur le marquage des plaques d'identité. Les plaques reçues ici ne permettent souvent l'identification de l'unité.
L'Ersatz-Bataillon du Eisenbahn-Regiment ( Régiment de chemins de fer ) No. 4 avait par exemple marqué " E.B. 4 ", ce qui pouvait être interprété comme "Ersatz-Bataillon 4".
Le marquage du Lehr-Infanterie-Regiment ( Régiment d'instruction d'infanterie ) "L.J.R." peut être confondu avec "Landwehr-Infanterie-Regiment" où manque le numéro.
Des noms ( honorifiques ) de régiments, tels que "von Stülpnagel", "Graf Dönhoff", ( etc. ) ne doivent plus figurer sur les plaques d'identité, contrairement à ce qui a été fait. Il en est de même avec les abréviations de province. De telles abréviations ont déjà menées à des erreurs au détriment de soldats décédés en pays hostile. Pour éviter toute confusion avec les régiments prussiens, les unités bavaroises devraient marquer par exemple "Bay. J.R. 1", etc."
Cette lettre ouverte semble avoir eu un impact certain puisque dès le mois de Juillet 1915, plus précisément le 28, est établie à Berlin une directive ( numéro 594 / référence 1085/7.15. B3. ) où il est fait mention de modifications des dispositions sur les plaques d'identité.
Ainsi on y apprend que dorénavant les inscriptions sur le soldat ne se limiteront plus à son numéro de matricule mais seront étendues également à son prénom et nom de famille, à son domicile ainsi que sa date de naissance ( il fut question d'un temps de mentionner également le lieu de naissance mais cette proposition ne fut pas retenue ) et que de plus, les désignations d'unité seront dès à présent indiquées en abréviations compréhensibles issues d'un listing de 82 abréviations standardisées que voici :
{ ABREVIATIONS }
Abt.
Arm. (Batl.)
Art.
Arm.
Batl.
Batt.
Bllabw. (Kan.)
Bäck. (Kol.)
Btr. (K.)
Br. Tr.
Brg.
Bau. (K.)
Dep.
Div.
Dpp. (Zg.)
Dr.
Eisb.
Esk.
Ers.
Et.
Fd. (Artl.)
Fsp. (zg.)
Fst. (Masch. Abt.)
Flg.
Fhrp.
Fk.
Füs.
Fuß. (Artl.)
Gard.
Gbg. (Masch. Gew. Abt.)
Gren.
Hus.
Jäg.
Jäg. Z. Pf.
J.
Kav.
Kan.
Kol.
K.
Kdtr.
Kdo.
Kps.
Krfw.
Kür.
Ldst.
Ldw.
Laz.
Lehr.
L.
Luftsch.
Mag.
Masch.
Minw.
Mtt.
Mob.
Mrs.
Mun. (Kol.)
Pfd. (Dep.)
Pi.
Prov.
Rdf.
R.
Rekr. (Dep.)
Res.
Sml. (K.)
San.
Schwf.
Schl.
Si. (Tpp.)
Schnee-Batl.
Schw.
Stffstb.
Stat.
Str. Bau. (K.)
Telgr.
Tr.
Tpp.
Übpl.
Ul.
Verm.
Vpfl.
Zg.
{ ABREVIATIONS }
{ SIGNIFICATIONS }
Abteilung
Armierungs (Bataillon)
Artillerie
Armee
Bataillon
Batterie
Ballonabwehr Kanonen
Bäckerei Kolonne
Betriebs Kompanie
Brückentrain
Brigade
Bau Kompanie
Depot
Division
Doppel Zug
Dragoner
Eisenbahn
Eskadron
Ersatz
Etape
Feld Artillerie
Fernsprech Zug
Festung Maschinen (Gewehr) Abteilung
Flieger
Fuhrpark
Funker
Füsilier
Fuss Artillerie
Garde
Gebirgs Maschinen Gewehr Abteilung
Grenadier
Husaren
Jäger
Jäger zu Pferde
Infanterie
Kavallerie
Kanonen
Kolonne
Kompanie
Kommandantur
Kommando
Korps
Kraftwagen
Kürassier
Landsturm
Landwehr
Lazarett
Lehr Infanterie Regiment
Leichte
Luftschiffer
Magasin
Maschinengewehr
Minenwerfer
Mittlere
Mobil
Mörser
Munitions Kolonne
Pferde Depot
Pionier
Proviant
Radfaher
Regiment
Rekrut Depot
Reserve
Sammel Kompanie
Sanitäts
Scheinwerfer
Schlächterei
Signal Trupp
Schneeschuh Bataillon
Schwerer
Staffelstab
Station
Straßenbau Kompanie
Telegraphen
Train
Trupp
Überplanmäßig
Ulanen
Vermessung Trupp
Verpflegung Kolonne
Zug
{ SIGNIFICATIONS }
{ TRADUCTIONS }
Détachement
Bataillon de fortification
Artillerie
Armée
Bataillon
Batterie
Canon anti-ballon
Colonne de boulangers
Compagnie de service
Train de pontage
Brigade
Compagnie de construction
Dépôt
Division
Section double
Dragons
Chemin de fer
Escadron
De remplacement
Zone de communication
Artillerie de campagne
Section de téléphonistes
Détachement de mitrailleuses de forteresse
Aviation
Parc de voitures
Télégraphistes sans fil
Fusilier
Artillerie à pied
Garde
Détachement de mitrailleuses de montagne
Grenadier
Hussards
Chasseurs (à pied)
Chasseurs à cheval
Infanterie
Cavalerie
Canons
Colonne
Compagnie
Etat-Major de place
Commandement
Corps
Automobile
Cuirassier
Landsturm
Landwehr
Hôpital
Régiment d'infanterie d'instruction
Léger
Aérostiers
Magasin
Mitrailleuses
Lance mines
Moyen
Mobile
Mortier
Colonne de munitions
Dépôt de chevaux
Pionnier
Vivres
Cyclistes
Régiment
Dépôt de recrues
Réserve
Compagnie de récupération
Médical
Projecteur de lumière
Bouchers
Equipe de signalisation
Bataillon de skieurs
Lourd
Echelon d'Etat-Major
Station
Compagnie de construction routière
Télégraphistes
Train
Equipe
Excédentaire
Uhlans
Equipe topographique
Colonne à vivres
Section
{ TRADUCTIONS }
II - LES DIFFERENTS MODELES
Ensemble de plaques du Reserve Feld Artillerie Regiment Nr.52.
A ) La plaque de reconnaissance modèle 1869 :
Par ailleurs, les inscriptions indiquées sur cette plaque de reconnaissance étaient d'un exemplaire à un autre toutes du même type, à savoir le nom de l'unité, la sous-division de celle-ci ( compagnie, escadron, batterie, etc... ) et le numéro matricule du soldat.
Cette abréviation d'unité était assez complexe puisqu'elle comprenait un chiffre correspondant au numéro provincial du régiment suivi d'une lettre en rapport avec l'initiale de la province, de deux lettres faisant référence à l'unité puis enfin d'un chiffre qui, lui, correspondait au numéro du régiment dans l'armée allemande.
Les caractéristiques de ces plaques d'identité sont qu'une partie des inscriptions étaient pré-estampillée et que la compagnie était toujours mentionnée avec la lettre C et non K.
A savoir que ce type de plaque ne semble avoir été adopté que par l'Armée Prussienne. En effet, dans aucun texte il n'est fait mention de tel objet que ce soit pour la Bavière, la Saxe ou encore le Wurtemberg.
Il faudra attendre un décret en date du 17 Mars 1875 pour que l'Armée Bavaroise mentionne l'usage de plaques d'identité, soit presque 5 ans après! Deux modèles de plaques sont alors décrits, l'un rectangulaire arborant des dimensions de 45 x 36mm et l'autre de forme ovale de taille assez petite ( aucune précision quant à ses mesures ).
On peut supposer que l'Armée allemande fut dans sa totalité équipée de plaque d'identification pour ses soldats à la fin des années 70.
Plaque modèle 1869 de la 1. Companie du 2. Hanseatisches Infanterie Regiment Nr. 76.
B ) Les plaques d'identité modèle 1878 :
Niveau inscriptions, ces dernières étaient du même type que celles employées pour la plaque d'identité modèle 1869 à l'exception prêt que celles-ci n'étaient pas forcément en relief. A savoir qu'il arrive également que ces marquages soient des plus simplistes comme cela sera le cas plus tard pour les nouveaux modèles de plaques.
Plaque modèle 1878 de la 3. Companie du 2. Magdeburgisches Infanterie Regiment Nr. 27.
Plaque modèle 1878 de la 11. Kompanie du Reserve Infanterie Regiment Nr. 253
dont le soldat s'est vu remettre le numéro matricule 131 ( St. = Stammrolle ).
Plaque modèle 1878 de la 3. Maschinen Gewehr Kompanie du Reserve Infanterie Régiment Nr. 72
( 3ème compagnie de mitrailleurs du RJR 72 ) avec une affectation postérieure au RJR 90.
C ) La plaque d'identité modèle 1915 :
Fabriquées en tôle de zinc, ces plaques d'identité de forme ovale mesurent environ 7cm de large et 5 de haut.
A savoir que des plaques d'un même modèle et issues d'un même régiment ne disposent pas forcément d'une taille strictement identique car comme nous l'avions spécifié plus haut, les dépôts d'approvisionnement se fournissaient auprès de divers fabricants.
Avec ce nouveau modèle de plaque d'identité est apparu un tout nouveau mode opératoire en ce qui concerne les inscriptions.
Ainsi, dorénavant on retrouve annotés sur la moitié supérieure de celle-ci le prénom et nom de famille du soldat, son dernier domicile, sa date de naissance, l'unité de dépôt en abréviation dans laquelle il a été incorporé, le numéro de la sous-unité et enfin son numéro de matricule tandis que sur la moitié inférieure sera indiquée l'unité de campagne, c'est à dire d'active ( toujours en abréviations compréhensibles ), que le soldat aura rejoint, le numéro de compagnie et de ce fait son nouveau numéro matricule.
En théorie, pour délimiter ces deux parties, un trait horizontal devait être gravé même si dans la pratique on se rend bien compte que ceci n'a pas forcément été toujours appliqué.
De même, il est dit que l'unité de dépôt ne doit en aucun être rayée suite à l'incorporation du soldat dans une unité d'active ce qui, pourtant, est parfois le cas.
En outre, si l'homme est transféré au cours de la guerre dans une nouvelle unité, les marquages de l'ancienne devront être rayés et ceux de la nouvelle inscrits. Pour se faire, on retrouve différents processus concernant cette étape allant d'un simple trait pour barrer à l'utilisation d'une croix ou encore de "poinçons".
Au vue des très nombreuses affectations successives de certains soldats, une nouvelle plaque d'identité pouvait être fournie si un manque de place évident sur le recto de l'ancienne était à déplorer.
On peut également noter que malgré l'usage exclusive de cette face de la plaque d'identité, certains exemplaires ont été retrouvés gravés au verso.
A savoir qu'avec l'apparition de ce nouveau modèle de plaque d'identité, les autres modèles ( 1869 et 1878 ) furent petit à petit remplacés. Il n'est donc pas rare de découvrir sur certains endroits du front ou à l'arrière, d'importants stocks ( s'élevant parfois à plus de 100 pièces ) de ces anciennes plaques dont les soldats se sont débarrassés suite à l'introduction et à la perception de cette nouvelle Erkennungsmarke, la plaque d'identité modèle 1915.
Plaque modèle 1915 de la 3. Kompanie du I. Ersatz Bataillon du Bayerisches Infanterie Regiment Nr. 20
( 1er bataillon de remplacement du JR 20 Bavarois, il s'agit donc d'une affectation de dépôt ).
D ) La plaque d'identité modèle 1916 :
En effet, ce nouveau modèle de plaque devra :
- mesuré 68mm de largeur ( ce qui dans la pratique n'est pas tellement vrai puisque l'essentiel des modèles examinés conservent les 7 cm du modèle 1915 )
- être perforé de 3 fentes de cassure en son milieu ( ce que l'on appelle une plaque sécable ).
Dès lors, une nouvelle façon de procéder sera employée quant à l'application des marquages.
Ainsi, sur la moitié supérieure de ce nouveau modèle de plaque d'identité seront inscrits le nom et prénom du soldat, son domicile et date de naissance ainsi que son unité de dépôt. Pour la première fois sur une plaque d'identité à quelques exceptions près, le verso sera utilisé pour y indiquer l'unité d'active.
L'ensemble de ces inscriptions seront reportées sur la moitié inférieure, ce système permettant d'obtenir deux plaques en une !
A savoir que les stocks de plaques modèle 1915 subirent cette modification. Ainsi, on retrouve divers procédés permettant d'obtenir un tel résultat allant de la réalisation de fentes de cassure de plus ou moins grandes tailles ( dont le nombre est parfois supérieur à 3 fentes ), à la perforation d'orifices circulaires semblables aux trous de suspension pour cordon.
Cette transformation voulue n'est pas le fruit de décisions isolées de certaines unités. En effet, celle-ci est définie par la directive précisant les caractéristiques de la plaque modèle 1916 elle-même. Ainsi, il y est dit :
"Les plaques d'usage courant, conformes au décret du 13 août 1915, doivent être perforées sur l'axe horizontal le plus rapidement possible, puis frappées au verso des mêmes inscriptions de façon que les marques figurant sur chaque moitié soient complémentaires."
De ce fait comme il est écrit, les plaques de ce millésime déjà en service et donc gravées, en plus de devoir être modifiées pour pouvoir se séparer en deux parties devront être adaptées au nouveau type de marquage.
Dès lors, seront reportées sur le verso de la moitié supérieure des plaques modèles 1915 les informations relatives à l'unité de campagne tandis que sur le verso de le moitié inférieure seront annotées les informations relatives à l'identité du soldat et à son unité d'incorporation de dépôt.
Les plaques modèle 1915 issues des stocks et donc vierges se verront quant à elle annotées selon les exigences de la directive de 1916 en plus du subir la dite transformation.
Ce tout nouveau modèle de plaque qui pouvait se diviser en deux parties égales grâces aux fentes de cassure dont il était pourvu avait pour avantage que le soldat soit enterré avec l'une d'elle.
Par ailleurs, il est bon de préciser qu'en plus des deux orifices sur la partie supérieures de la plaque pouvait être perforé un troisième trou sur la moitié inférieure, cela permettant son port une fois celle-ci arrachée et récupérée sur le cadavre.
A savoir que l'Armée Bavaroise semble avoir adopté ce nouveau modèle de plaques d'identification avec un peu de retard puisqu'il en est fait mention qu'à partir du 6 Décembre 1916 dans une directive éditée à Munich par le Ministère de la Guerre Bavarois.
Plaque modèle 1916 de la 3. Kompanie du I. Ersatz Bataillon du Infanterie Regiment Nr. 79
( 1er bataillon de remplacement du 79ème régiment d'infanterie, 3ème compagnie ).
Ici le soldat s'est vu remettre comme numéro matricule le 10/100
( étrange numéro visible comme bien souvent pour les affectations de dépôt ).
Plaque modèle 1916 de la III. Kompanie du Ersatz Bataillon du Grenadier Regiment Nr. 6
( 3ème compagnie du bataillon de remplacement du 6ème Régiment de Grenadier ).
Outre cette affectation de dépôt, on retrouve au verso une affectation de campagne dans un régiment du même corps d'armée,
le 404ème régiment d'infanterie créé le 10 juin 1916 avec des effectifs des "Ersatz Bataillonen" de différents régiments du V A.K.
La particularité réside ici dans l'usage de chiffre "romains" pour la compagnie alors que ceux-ci sont normalement utilisés pour les bataillons.
E ) La plaque d'identité modèle 1917 :
On remarque qu'elle est identique à la plaque modèle 1916 à la différence qu'elle est 4 mm plus haute et 2mm plus petite. En effet, cette dernière arbore les dimensions suivantes : 68 x 54mm.
Ces indicateurs de taille n'étant pas une référence puisque comme on le sait, les dimensions des plaques d'identité ont tendance à légèrement varier selon le fabricant, il faut se pencher sur les mesures des fentes de cassure pour identifier à coup sur le modèle.
Ainsi, elles doivent désormais avoir une longueur de 16 mm et être espacées entre elles de 5 mm ( contre 3 pour la plaque modèle 1916 ) et se trouver à 5 mm du bord de la plaque.
Compte tenu des différences minimes de ce nouveau modèle avec l'ancien permettant de renforcer la solidité de l'objet, les stocks des anciennes plaques modèle 1916 seront utilisés jusqu'à épuisement.
Plaque modèle 1917 de la 3. Batterie du Ersatz Abteilung du Feld Artillerie Regiment Nr. 38
( 3ème batterie du détachement de remplacement du 38ème Régiment d'Artillerie de Campagne ).
III - LES ESSAIS
L''histoire de la plaque d'identification a été marquée par une multitude de propositions concernant l'introduction de modèles divers et variés, tous rejetés bien que certains semblent avoir été étudiés de près par les Armées.
La première d'entre elles date de bien avant l'introduction de la plaque de reconnaissance ( donc antérieur à 1869 ). Ainsi, des documents bavarois décrivent des expérimentations entreprises avec des plaques en parchemin, bois de buis, capsules métalliques avec feuillet de parchemin inséré. Il est même fait mention de tatouage sur la peau avec des colorants tels que le vermillon ou encore l'indigo.
Bien évidemment, l'ensemble de ces propositions "farfelues" furent rejetées pour laisser place à la plaquette en tôle de zinc que l'on connait.
Toujours en Bavière, des documents émis par le Ministère de la Guerre de ce land démontre que le fabricant d'effets militaires G. Heinicke de Berlin ( firme fondée en 1872 ) a soumis au Ministère le 26 Janvier 1915 et le 14 Avril de cette même année le projet d'un bracelet d'identité ( Erkennungsmarkenband ) appelé Ge-Ha Erkunnungsband qui devait être porté au poignet gauche par le soldat tel un bracelet de montre.
Cette idée semble avoir séduit la Prusse puisque furent mis à l'essai de tels effets au sein du 1er Bataillon ( environ 1000 hommes donc ) du Landwehr-Infanterie-Regiment Nr. 48 qui était alors engagé sur le front de l'Est, idée qui finalement ne fut pas retenue.
IV - LE PORT
Hommes du Kgl. Sächsisches Schützen-Regiment Nr. 108 sur le front de l'Aisne et de la Champagne.
On notera que ces soldats portent autour de leur cou leur plaque d'identité du modèle 1878.
Plaque d'officier avec un cordon en soie aux couleurs de la Bavière.
Notre homme appartenait à une Sanitäts Kompanie der Ersatz Division du I. bayerisches Armee Korps
( Compagnie Sanitaire de la 1ère Division de Remplacement du 1er Corps d'Armée Bavarois ).
On peut imaginer sans peine qu'avec l'usure due au frottement, ce type de cordon pouvait céder. On peut dès lors aisément supposer l'emploi de cordon de tous types aux couleurs neutres.
Par ailleurs, selon un communiqué adressé par le Ministère de la Guerre prussien le 11 Septembre 1917 à tous les dépôts d'habillement, il doit être fait usage comme cordon de plaque d'identité des stocks disponibles à Brême de prises de cordons de chapeau teints noir ( d'un chanvre appelé "Tagal" ).
En outre, bien que le règlement stipulait ce type de port autour du cou, l'Armée autorisa le soldat à porter la plaque d'identité de différentes manières, rendant dès lors plus agréable celui-ci. Ainsi, la plaque d'identité pouvait être attachée aux bretelles du pantalon comme cela est très souvent visible sur les photographies d'époque ou tout simplement mise dans une poche intérieure de la tunique. A savoir qu'on retrouve également la possibilité de la porter en bracelet telle une gourmette même si cela est bien moins courant.
Soldats allemands fêtant Noël en 1916 dans leur abri.
On observera que l'un d'eux porte sa plaque d'identité à l'une des bretelles de son pantalon.
Soldats photographiés dans les Vosges aux latrines du camp dont l'un porte une pochette de ce type.
Sources:
- Les plaques d'identité allemande de la 1 GM par Peter Meinlschmidt - 1992
- 1914-1918 Les plaques d'identité allemandes par Yves Mouchet - Militaria Magazine N°97 de 1993 et N°104 de 1994
- Site internet "Les Plaques d'Identité allemandes 1869-1918" ( http://plaques-identite.eu/ )
- Sujet intitulé "Evolution des plaques d'identités allemandes 1869-1918" présenté par le membre Minen sur le forum HistoiréMilitaria 14-18 ( http://lagrandeguerre.cultureforum.net/ ).
Photographies:
- Archives et collection personnelle
- Olivier Maigrat
- Fabrice Paquet
- Pascal Casanova
- Jérémie Raussin
- Kornel Royko
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