Souvenirs de Marius Reille




Voici un petit article sur une découverte réalisée dans un vide-grenier du Sud-Est de la France. Cette dernière, peu imposante de par sa taille, reste tout de même intéressante puisqu'elle est en rapport avec un sujet peu commun, les Zeppelins !





Cet ensemble est composé d'une enveloppe envoyée en 1915 par Reille Marius du 157ème Régiment d'Infanterie, 12ème Compagnie à son ami, Monsieur Bouvin, résidant à Saint-Etienne dont lui-même est originaire.
Cette dernière renferme une lettre, en date du 13 Février 1915, écrite à la main que Eric Mansuy, passionné de la guerre 14/18, a su nous déchiffrer !




Ainsi, il est dit dans cette dernière:
"Mon cher Bouvin,
C'est l'esprit très tranquille au combien d'une immense grange que je t'envoie ces quelques mots, car depuis le 18 janvier j'ai quitté bois et tranchées pour cantonner dans un petit village et que tout en étant sur la ligne de feu, nous sommes au moins à l'abri des balles et bien au sec, nous sommes là pour remplacer momentanément le génie et notre travail consiste à aller faire toutes les deux nuits quelques tranchées en sus d'activité mais les boches pourront venir, ils seront bien reçus car avant d'être sur nous il leur faudra en coucher de ces fils de fer. Le reste du temps nous sommes tranquilles et si les boches ne nous embêtaient plus avec leurs marmites, on ne se croirait plus en guerre.
Je suis en très bonne santé et je profite de ce repos pour reprendre une partie de mon embonpoint perdu ces temps derniers.
Et toi mon cher ami, que fais-tu ? Je pense que tu es toujours en bonne santé et que les occupations ne te font plus défaut à St-Etienne mais je pense que tu trouveras un moment pour décomposer l'échantillon ci-joint, mais je ne souhaiterais plus une commission de cet article car les petits Français ont vite fait de le mettre à bas.
Quoi de nouveau à St-Etienne, et Bonche que fait-il, si toutefois il s'ennuie il y a de la place ici et s'il est toujours un peu là dis-lui de venir me tenir compagnie.
Enfin j'espère que tout le monde au magasin est en bonne santé. Mes amitiés à tous et en attendant le plaisir de te lire, je te serre très cordialement la main.
Marius"

L'échantillon dont Marius parle est en fait un morceau de l'entoilage d'un Zeppelin qui, comme il le dit si bien dans sa lettre, a littéralement été dépouillé par les soldats ! Ce petit morceau d'histoire est bien évidemment présent dans l'enveloppe et Marius en bon soldat qu'il est à penser à y noter le principal : Zeppelin tombé à Badonvilliers Septembre 1914.
Quelques incohérences sont à signaler dans cette inscription puisque le zeppelin en question a été abattu en Aout et non pas en Septembre et ce dans la commune de Badonviller en Meurthe-et-Moselle et non pas Badonvilliers.





L'histoire de ce dirigeable allemand fut repris dans quelques journaux d'époque avec néanmoins quelques divergences. Le Zeppelin Z. L. VIII était le 22 Aout 1914 en mission d'observation au-dessus de Badonviller afin d'analyser le mouvement des troupes françaises. Ce dernier, planant à plusieurs centaines de mètres dans les airs, n'hésita pas à larguer des bombes qui n'eurent aucune incidence si ce n'est qu'il fut très vite repéré par notre troupe. Dès lors, c'est à coup de fusils que les soldats essayèrent de l'abattre dans le ciel et c'est sans doute les coups deux canons de 75, issus d'une batterie du 65ème Régiment d'Infanterie Territoriale, qui en vinrent à bout ! Le dirigeable allemand alla finir sa course quelques kilomètres plus loin et l'équipage qui le composait réussi dans sa totalité ou presque à prendre la fuite, si ce n'est quelques officiers qui furent prisonniers !

Ce trophée rapporté par Marius a par la suite été griffonné par son destinataire, Monsieur Bouvin, qui y a noté que son ami a été tué quelques temps après avoir envoyé cette lettre, en Février 1915 !
Une recherche sur le site Mémoire des Hommes nous a permis de retrouver la fiche de décès de ce Monsieur. On y apprend que Jacques Marius Reille de son vrai nom a été tué à l'ennemi, non pas en Février, mais le 5 Avril 1915 à Flirey en Meurthe et Moselle à l'âge de 25 ans.





C'est donc une triste fin que connu Marius alors que quelques mois auparavant, c'est "l'esprit tranquille" qu'il écrivait à son ami pour lui envoyer une lettre des plus émouvantes renfermant un véritable petit trésor qui a fait l'objet de cet article !






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