Les Kugelhandgranaten




Magasin renfermant un véritable trésor !
On y retrouve entre autres des grenades à manche, des grenades à fusil mdl 1913, des dispositifs pour le tir décalé ainsi que des Kugelhandgranaten.





I - LA KUGELHANDGRANATE, une grenade boule


Les Kugelhandgranaten se déclinent sous 3 principaux modèles auxquels s'ajoutent les grenades en rapport avec l'instruction. Cette grenade tout au long du conflit fut améliorée mais son important poids ainsi que sa faible capacité explosive font d'elle une munition, bien que produite à plusieurs millions d'exemplaires, peu efficace.
En effet, ces grenades sphériques ne peuvent renfermer qu'une charge explosive de 45 grammes composée d'un mélange de poudre noire ( 70% ) additionnée à du nitrate de baryte ainsi que du perchlorate de potasse, composés chimiques utilisés fréquemment pour les explosifs ainsi qu'en pyrotechnie.



Poste de tir dans une tranchée de première ligne avec des Kugels du premier type.



               A) Le modèle 1913 :




Le premier modèle allemand de grenade boule quadrillée est apparu en 1913 d'où la dénomination de Kugelhandgranate 1913 ou encore de Kugelhandgranat Alter Art pour ancien modèle. Constituée par un corps sphérique peint en noir, cette grenade d'un poids de près d'un kilo est réalisée en fonte et mesure 8cm de diamètre pour une épaisseur de 8mm. Ces spécificités permettent aux combattants de pouvoir jeter cette grenade à une quinzaine de mètres environ en sachant que sa forme arrondie lui permet de rouler une fois arrivée au sol. Lors de son explosion, la grenade est censée produire entre 70 et 80 éclats !

Des lettres de toute sorte, seules ou accompagnées, comme entre autres M, B, X, H ou encore F peuvent être estampées sur le cul de la grenade tout comme des points, marquages certainement relatifs au moule utilisé par le fabricant.



Nous sommes au début de la guerre avec ces soldats équipés de masques à gaz tampon et Gummi
posant dans leur tranchée avec les grenades dont ils sont dotés.


Quelques variantes de la Kugelhandgranate 1913 ont pu être dénombrées et ces différences doivent être dues aux firmes de fabrication ainsi qu'à la technique de production; le quadrillage de la grenade variant parfois très nettement même si cela reste peu courant.

Par ailleurs, il faut savoir qu'une grenade similaire copiée sur le modèle allemand fut produite par l'Armée Russe ou Bulgare. Un coup d'œil rapide permet cependant de faire la différence, le quadrillage étant bien particulier sur ce type de grenade. Il arrive de retrouver des marquage identique au modèle allemand sur le cul du projectile.



Grenade quadrillée de l'ex URSS arborant un air de déjà vu ...


               B) Le modèle de transition :




La production des grenades boules étant difficile à réaliser, notamment à cause de son quadrillage qui semble t'il devait être travaillé après moulage, un nouveau type de grenade fit son apparition.
Sa dénomination n'est pas clairement établie mais certains se permettent de parler de grenade Kugelhandgranate 1913 Neue Art qui n'est pas forcément faux.
On peut supposer que ce type de Kugelhandgranate fut très vite remplacé et connu donc une production limitée. En effet, ce projectile se rencontre rarement sur le terrain et n'est, à ma connaissance, pas visible sur photographie d'époque !
Les couleurs observées sont soit noires, soit Felgrau, et contrairement à son prédécesseur, ce modèle de grenade ne dispose apparemment pas de marquages au cul.


               C) Le modèle 1915 :




Un tout dernier modèle de grenades boules peint en noir fit son apparition et porte la dénomination de Kugelhandgranate 1915 ( Neue Art ). Son diamètre est légèrement plus petit puisqu'il avoisine les 7,5cm.
Son quadrillage est quant à lui totalement différent et lui permet donc d'être produit en masse malgré que ses performances identiques au modèle 13 ne répondent pas aux attentes attendues. Ainsi dès 1917, on tenta d'employer de la Tolite pour en faire usage contre les chars d'assauts qui viennent de faire leur apparition sur le terrain mais encore une fois, la Kugelhandgranate ne donne que très peu de résultats.



Juillet 1916, les soldats de cette tranchée posent fièrement
avec des grenades à manche et des Kugels mdl 1915.



               D) Les modèles destinés à l'instruction :




La formation du soldat est nécessaire dans l'apprentissage du maniement de ce type de matériel qui peut apparaître nouveau pour des soldats tout juste recrutés qui n'ont jamais fait carrière au sein de l'Armée.
Ainsi, sont mis au point des modèles d'instruction afin que le soldat se familiarise avec ce type de grenade.



Entrainement des soldats au maniement des grenades.


Le modèle d'instruction le plus commun reprend la forme d'une Kugelhandgranate qui présente en son centre d'importantes parties lisses, au nombre de 4 plus précisément, dont chacune d'elle est percée de trous.
A côté de cela, on retrouve des modèles classiques dont la partie centrale ou basse du corps arbore comme le modèle précédent des trous d'un même diamètre.
La couleur de la grenade, comme pour de nombreuses pièces en rapport avec l'entrainement, est rouge même si le noir semble avoir aussi été utilisé !



II - LES DIFFERENTS SYSTEME D'ALLUMAGE



Chasseur Saxon du 102ème régiment effectuant un tir à la Kugel.
On notera la fumée qui s'échappe de l'allumeur !


Au fil des années, on vit apparaître bon nombre de systèmes d'allumage de type fusant ou encore percutant, toujours utilisés avec une rondelle de cuir. Les trouvailles faites sur le terrain permettent de mettre en avant seulement quelques modèles dont l'utilisation ne peut être contestée en sachant qu'il ne faut pas oublier que, le filetage de cette grenade étant d'un diamètre identique à la Eierhandgranate ( ou encore grenade œuf ), il est fortement probable que l'autre gamme d'allumeurs ait pu être utilisée avec la Kugelhandgranaten. Ainsi, dans cet article ne vont être mis en avant que les principaux modèles utilisés le plus souvent avec ce type de grenade.


               A) L'allumeur modèle 1913 :



Cet allumeur à traction apparu en même temps que la Kugelhandgranaten 1913 est réalisé en bronze. Il porte la désignation, comme tout allumeur, de Brennzünder et existe en deux variantes: l'un de 7 secondes, l'autre de 5 pouvant se différencier grâce à l'apposition de peinture rouge sur sa partie haute.
Il dispose parfois de marquages estampillés sur la partie basse de son corps, toujours sous forme de chiffres ou de lettres mais des exemplaires ont permis de démontrer également l'usage de cœur sur sa partie haute.

L'allumeur est traversé sur sa longueur d'un canal central renfermant un filet de poudre noire tassée qui assurera le retard. Ce dernier est surmonté par une composition de verre pilé, de bioxyde de manganèse et de chlorate de potasse qui fera office de charge d'inflammation. C'est cette charge même qui sera la première à être allumée puisque le rugueux en laiton dont elle est en contact direct dispose sur sa partie basse de crans d'où le principe de friction joué lors d'une traction.
La partie haute de l'allumeur tout comme la partie basse dispose d'évents, l'un permettant aux gaz et à la fumée de s'échapper, l'autre à la poudre noire de jouer son rôle de charge d'ignition de l'explosif contenu dans la grenade elle-même.
A savoir que l'évent du haut, pour réduire le risque lié à l'humidité, est recouvert d'une petite pastille jaunâtre de papier imperméabilisé faisant office d'étanchéité et laissant également supposer le bon fonctionnement ou non de l'allumeur lors de son utilisation.



L'arrachage du rugueux étant difficile à réaliser, le soldat utilisait un système réglementaire s'apparentant à un crochet tire-feu et dont les documents d'époque allemand donnent le nom de Abreissvorrichtung. Ce dernier se présentait sous forme d'une lanière en cuir de 45cm de long pour 15cm de large se terminant par un mousqueton métallique.
Son utilisation était des plus simplistes puisque le soldat n'avait qu'à enrouler autour de son bras cette lanière grâce par exemple à un système de nœud coulissant puis, dans un second temps, accrocher le mousqueton au rugueux torsadé se terminant par une boucle; il ne suffisait alors plus qu'à tirer énergiquement sur l'ensemble.


               B) L'allumeur modèle 1915 :



Certains matériaux se faisant rares, on mit au point un nouvel allumeur réalisé cette fois-ci en alliage de zinc, un ersatz en quelque sorte.
Tout comme son prédécesseur, il se décline en deux variantes, l'une avec un retard de 8 secondes, l'autre de 5 repérable par sa taille moins importante. Par ailleurs, il est difficile de se tromper puisqu'une étiquette paraffinée collée sur le pourtour de la partie haute de l'allumeur renseigne sur le temps de ce retard et est de couleur rouge pour le plus faible ! A savoir que cette dernière recouvre l'évent de l'allumeur par où s'échapperont gaz et fumée lors de son emploi.



Ensemble de soldatw du L.I.R. 80 dont certains sont équipés de grenades Kugel mdl 15 avec allumeurs du même millésime.
On notera que l'homme de droite dispose d'un bracelet tire-feu en cuir.


Avec ce nouvel allumeur apparait apparemment un tout nouveau dispositif d'arrachage du rugueux, et remplaçant ainsi le long crochet tire-feu peu adapté à la guerre de tranchée où le soldat est plutôt restreint dans ses mouvements. Il s'agit d'un banal petit crochet métallique rarement présenté sur photos d'époque.
A savoir que sur ce type d'allumeur, le rugueux peut être constitué d'un fil torsadé ou encore se présenter sous forme de goupille.


               C) Les allumeurs pour grenades d'instruction :



La grenade d'exercice n'était pas la seule à être utilisée lors de Kursus d'instruction. En effet, on retrouve un allumeur, Übungszünder, ressemblant étrangement à l'allumeur modèle 1913 et permettant au soldat de se familiariser avec l'arrachement du rugueux. Ainsi, un important système à goupille coiffe le bouchon.


               D) Le système de mise à feu dit "Bilboquet" :



De type percutant, ce système imposant ( Aufschlagzünder ) comparé à un banal allumeur recouvre la partie haute de la grenade et peut être utilisé avec tous les types de Kugel. Il est constitué par un capuchon de tôle jouant le rôle de poignée de lancement et renfermant un système d'allumage assez complexe. Il dispose sur sa surface d'une étiquette papier collée sur laquelle est inscrite la mention "Vorsicht ! Nicht Verbeulen" ( Attention ! Ne pas cabosser ) rappelant qu'il est indispensable d'éviter tout choc. Ce dernier comporte par ailleurs un bouchon allumeur en tôle découpé renfermant un percuteur qui est en contact direct avec un levier surmonté d'une bille, et qui s'avère être verrouillé par un petit morceau de fil de fer auquel est rattachée une cordelette longue de plusieurs mètres.

Pour faire plus simple le soldat devait, après s'être assuré d'avoir enlevé la goupille de sécurité qui immobilise le capuchon sur le bouchon de la grenade, lancer cette dernière tout en gardant celui-ci en main, ce qui entrainait tout bêtement l'éjection de celle-ci. Le déroulement de la ficelle avait alors lieu et une fois celui-ci arrivé à son terme, le petit fil de fer était arraché. Dès lors, un simple choc de la grenade avec un corps dur entrainait le déplacement de la bille qui permettait au levier de basculer et donc de libérer le percuteur sous tension.

Certains documents d'époque français laissent supposer que ce type de grenade ainsi équipé pouvait être utilisé comme piège. Cette hypothèse semble très probable, l'Armée Allemande ayant très bien pu abandonner des grenades démunies de leur capuchon et donc de leur cordelette de sureté rendant cette munition dès lors très instable, prête à exploser aux moindres chocs. On peut également penser que le fil de sécurité pouvait être tendu entre deux éléments, ainsi une personne marchant dessus entrainait la rupture de celui-ci et donc, le déclenchement du mécanisme à bille.


               E) Une étoupille :



Il est avéré de par des découvertes terrain que des Kugelhandgranates étaient montées avec une étoupille obturatrice à friction appelée Reibzündschraube, initialement employée pour le Minenwerfer de calibre moyen. Cet emploi ne fait aucun doute sur l'utilité de piégeage qu'elle confère à la grenade puisqu'une simple traction sur le rugueux entrainait l'explosion de la grenade; une étoupille ne disposant pas de retard comme pour un allumeur, seulement d'une charge fulminante ( vraisemblablement composée de chlorate de potasse, sulfure d'antimoine et gomme arabique ) renfermée dans une enveloppe de papier enduite de vernis épais, ainsi que d'une pastille de poudre comprimée à grains fins.

Sur la tranche de l'étoupille mais également sur la surface de son sommet, il est possible de rencontrer une multitude de marquages composés comme à l'habitude de chiffres et/ou de lettres voir de symboles comme entre autres des étoiles, des slashs ou des points.



III - LE TRANSPORT ET LE CONDITIONNEMENT


               A) Les bouchons de transport :




Dénommé Verschluss-Schrauben, ce bouchon en alliage de zinc ( zamac ) équipait les Kugelhandgranates durant leur transport.
Fabriqué en grand nombre, il se décompose sous des tailles assez différentes, variant cependant très légèrement. Sur le dessus étaient apposés ou non des marquages divers en relief composés tout comme pour les grenades, de lettres, chiffres et/ou points.

La forme de ces bouchons n'était pas innocente puisque comme nous le démontre le contenu des caisses de grenades œuf, une clef qui se présentait sous différentes variantes permettait le montage et démontage de ces derniers tout comme des allumeurs.


               B) Le panier de transport pour Kugelhandgranate :




Un système permettant d'emmener avec soi une grenade de type Kugel fut mis au point et peint dans la couleur allemande Feldgrau. Portant le nom de Tragegestell, il est composé de lamelles de cuir et de fer. La base du panier est quant à elle munie d'une capsule censée accueillir le cul de la grenade tandis que le sommet dispose d'un système métallique permettant un meilleur maintien de cette dernière une fois équipée.
Par ailleurs, ce système de transport jouait également le rôle de crochet tire-feu puisque le rugueux de l'allumeur monté sur la grenade était rattaché à une chainette, il suffisait ainsi pour le soldat, après avoir défait le panier, de tirer tout simplement sur le projectile.

A savoir qu'il existe une autre variante de ce panier, cette fois-ci pour la grenade incendiaire !



Poste de mitrailleurs avec des grenades Kugels mises à disposition ainsi que leurs paniers.



               C) Les boites d'allumeurs modèle 1913 :




Les allumeurs en bronze modèle 1913 étaient conditionnés dans de petites boites en carton par 10 exemplaires dont les angles étaient renforcés par du sparadrap de couleur sombre. Ce système permettait notamment au couvercle d'être ouvert sans être dissocié de la boite elle-même.
Celle-ci mesurait 21cm de long pour 11 de large et arborait une hauteur d'environ 2cm. La boite était fermée à ses deux extrémités par un scotch de couleur blanchâtre.

Le dessus de la boite disposait d'une étiquette blanche renseignant sur le contenu et le fabricant. Ainsi on peut y lire dans un cadre les mentions suivantes à l'encre noire:

10
Zünder für Kugelhandgranaten

( la mention 5 Sekunden en rouge si le retard de l'allumeur est de ce type )
W. M. I. Lippstadt, den 26. Apr. 1915 ( date rapportée sur des pointillés avec un tampon de couleur bleue )

On retrouve à l'intérieur du couvercle deux lamelles de protection réalisées dans une sorte de feutrine dont le but est de jouer le rôle de tampon avec les 3 rangées de cales en carton censées maintenir en place les allumeurs; cales supérieures renforcées par deux petites lamelles verticales cartonnées.
Une troisième lamelle de protection est également située à la base même de la boite, le cul des allumeurs étant de forme pointue.

A ce jour n'ont été rencontrées que des boites pour allumeurs avec retard de 5 secondes, je suppose cependant que les modèles à 7 secondes disposaient du même type de conditionnement.
Sur les deux exemplaires disposant encore de leur étiquette, le fabricant est W.M.I. Cette usine est située à Lippstadt, land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, on peut donc supposer qu'il s'agit d'une firme unique de production.


               D) Les boites d'allumeurs modèle 1915 :

Pour les allumeurs modèle 1915, on retrouve deux types de conditionnement, l'un pour 10 unités, l'autre bien plus gros pour 50.
Tout comme pour le modèle 1913, je n'ai pu observer que des conditionnements pour allumeurs à retard de 5 secondes, il faut donc croire que ce type d'allumeurs était bien plus utilisé et finit par remplacer le modèle à 8 secondes.




Le premier est une boite cartonnée de forme carrée renfermant 10 allumeurs.
Son couvercle dispose de deux étiquettes. L'une d'elle, de couleur rouge, est de forme rectangulaire et nous fournit des indications concernant les conditions d'utilisation de ce modèle-ci d'allumeur à savoir, effectuer un geste vif pour l'arrachage du rugueux et non de faible intensité ce qui pourrait entrainer un défaut de fonctionnement ( Zünder mit scharfem Ruck abziehen, langsames Abziehen ergibt leïcht Versager ). Sous cette dernière, on retrouve une autre étiquette de forme carrée et de largeur identique renseignant sur le contenu mais également le fabricant.On peut ainsi y lire 10 Stück Brennzünder für Kugelhandgranaten suivi d'une mention en rouge indiquant les secondes, pour enfin observer le fabricant, la ville d'emplacement ainsi que la date de production.
A l'intérieur, on retrouve à la base de la boite un système cartonné à section rectangulaire permettant le maintien des allumeurs en place, le principe étant de recouvrir un allumeur sur deux. A savoir qu'outre ce type de support, on rencontre également un système métallique à griffes !


Le deuxième conditionnement des allumeurs modèle 1915 s'effectue dans une grosse boite en tôle dont le couvercle dispose d'une étiquette blanche collée sur laquelle on peut lire dans un cadre à l'encre noire: 50 Stück Brennzünder für Kugelhandgranaten suivi, tout comme pour le précédent conditionnement, d'une mention en lettre rouge puis enfin, et pour la première fois, du système à croix qui se rencontre sur les caisses et renseignant à la fois sur le fabricant, le numéro de série de la boite ainsi que la date de production de l'ensemble.



               E) Conditionnement des grenades modèle 1913 :




A ce jour, aucune photo de caisse de transport n'a pu être recensée si ce n'est le cliché ci-dessus mais s'agit-il bien d'une caisse réglementaire ou simplement d'un modèle de circonstance ?
Cette dernière semble avoir été suspendue en hauteur et dispose de 3 rangées ayant pour objectif de positionner des grenades par 5 mais également des boites en carton pour 10 allumeurs en bronze.
Il est difficile de donner les dimensions de cette caisse, surtout sa hauteur, puisque cette dernière semble contenir 2 à 4 boites d'allumeurs soit, 20 à 40 pièces. Hors, cette photo ne nous laisse apprécier que 2 étages de 5 grenades, y en aurait-il donc derrière? C'est ce qui semble en tout cas le plus plausible !
La caisse présentée en photo semble par ailleurs disposer d'un couvercle tandis que sur sa partie avant a été cloutée une feuille de tôle, très certainement dans un but de protection contre les intempéries; cette dernière est d'ailleurs de taille légèrement plus importante que la caisse elle-même afin de recouvrir le couvercle une fois fermé.


               F) Conditionnement des grenades modèle 1915 :




En ce qui concerne le dernier modèle de grenade boule, je n'ai pu recenser qu'une seule et unique photographie d'époque présentant une caisse de type réglementaire pour le rangement de ces Kugels. Cette dernière a en effet toutes les caractéristiques d'un modèle livré aux Armées, à savoir notamment l'inscription au dos indiquant que la caisse une fois vide doit être renvoyée, entre autres, au dépôt de Cologne ( Cöln ). Par ailleurs, on observera que les grenades sont disposées sur un râtelier en bois comprenant 4 rangées de 7 emplacements soit un total de 28.
En outre, on remarquera que le râtelier en question est de taille à occuper tout l'espace de la caisse afin qu'aucun mouvement ne puisse avoir lieu durant le transport, il n'y a donc aucune cloison comme pour les caisses de grenades œuf par exemple. Cependant si on regarde bien le cliché, on observera qu'une découpe dans le coin supérieur gauche du râtelier a été réalisée et ce afin que soient placées à cet endroit précis les boites d'allumeurs ( ici des modèles 1913, conditionnés par 10 donc ).
Beaucoup de questions restent néanmoins en suspend, à savoir la présence éventuelle d'un deuxième étage de grenades, ce qui amènerait à 6 boites d'allumeurs au lieu de 3, et également le possible contenu de grenades d'exercice.

De plus, il faut savoir qu'une seconde photo, ou plutôt devrait-on parlé de carte postale, présente également le type de rangement de ces grenades mais dans une version toute autre.




En effet, la caisse en question semble contenir 11 grenades même si la hauteur de cette dernière laisse supposer un second étage de munitions. Ce chiffre reste tout de même étrange puisque les boites d'allumeurs sont de 20 ou 50 pour les modèles 15 qui semblent ici équiper les grenades. Y aurait-il 2 Kugels d'exercice pour les nouvelles recrues, un peu comme à l'instar de la caisse de grenade œuf ? Ou s'agit-il tout simplement d'un effet d'optique, ce qui réduirait à 10 le nombre de projectiles? Ces suppositions ne mènent, à vrai dire, pas à grand-chose mais une découverte terrain réalisée par les Diggers a permis de mettre à jour dans une tranchée un alignement identique de Kugelhandgranate... Alors caisse réglementaire ou de circonstance ? Je vous laisse vous faire votre propre opinion.




Pour finir notre analyse, ce cliché permet également d'observer que le pourtour de la caisse dispose d'une protection cloutée et que le couvercle lui-même de la caisse est en bois et est rattachée au corps par des charnières. On notera en outre qu'un capot de protection en tôle pour ce dernier semble reposer en biais sur l'avant. Par ailleurs, les dimensions de la caisse laissent supposer un rangement pour boites d'allumeurs sur la partie arrière.
Ainsi, il est difficile de dire si nous avons à faire ici à un conditionnement réglementaire ou de circonstance... Ce qui est certain, c'est que l'absence de poignées de transport semble ici incontestable alors qu'on connait le poids d'une telle grenade !


               G) Conditionnement des grenades avec système Bilboquet :

Un seul exemplaire à ma connaissance de caisse pour Kugelhandgranaten montées avec le système bilboquet a été découvert à ce jour en Pologne.
Ce dernier porte sur son couvercle des inscriptions noires illisibles tandis que sur l'arrière de la caisse on peut lire "Leer zurück an Mahkampfmittel - Depot Cöln - Gereon oder Posen - Lazarus", mention indiquant qu'il faut retourner cette caisse vide au dépôt de materiel de combat rapproché de Cologne, de Gereon ou encore de Posen-Lazarus. Ce type d'indication est repris sur la plupart des caisses allemandes mais y mentionner précisemment le nom de commune est une première !
A l'intérieur du couvercle est collée une étiquette papier, s'apparentant à un mode d'emploi, ce qui laisse supposer que ce type de bouchon allumeur était assez dangereux à l'utilisation. Sous cette dernière, on retrouve une lanière en cuir qui devait être rattachée au corps de la caisse permettant ainsi au couvercle de rester suspendu.
Par ailleurs, à l'intérieur se trouvent deux cales en bois ce qui permet d'obtenir 3 rangées permettant très certainement la mise en place des grenades séparées de leur système d'allumage.



IV - UN USAGE DETOURNE DE GRENADE A MAIN



Mortier permettant le tir de grenades Kugel montées sur sabot.


La Kugelhandgranate fut utilisée de manière bien différente au cours du conflit. En effet, on vit apparaître ce type de grenades adaptées sur manche voir sur tige pour pouvoir être tirées à l'aide d'un fusil mais pas seulement puisque certains exemplaires furent même utilisés comme projectile pour catapulte et autres mortiers afin de pouvoir être lancé à des distances bien supérieures pouvant atteindre parfois plusieurs centaines de mètres.
Ainsi, la photo ci-dessus nous présente un mortier de tranchée rudimentaire, très certainement d'un diamètre plus ou moins égale au mortier Lanz à savoir 81mm, utilisant des grenades Kugel modèle 1915 rattachées à des sabots réalisés en bois par une sorte de système à pince et de fil de fer. Le pointage en hauteur s'effectue grâce à un imposant volant et le départ du coup semble être réalisé grâce à une boite à batterie modèle 1916 ( Feldsprechbatterie 16 ).
Cette illustration parmi tant d'autres nous montre bien la volonté permanente de l'Etat-Major à innover afin que ses troupes engagées sur le front imposent leur supériorité au combat.



Autre exemple d'un emploi d'une Kugelhandgranate avec une catapulte.




               A) Modèle à manche de la grenade Kugel :


Dès 1915 apparut sur le front une grenade à manche percutante munie d'une cuillère. Les réalités du terrain auxquelles n'avaient pas songé les ingénieurs lors de sa création est qu'il faut disposer d'une certaine adresse pour réussir à lancer ce type de grenade de façon à ce qu'elle retombe obligatoirement sur la tête afin que le rendu soit maximum.
C'est ainsi qu'au cours de la même année fut décidé que la Kugelhandgranate soit adaptée à ce système de manche à cuillère, sa forme sphérique étant plus adéquate à ce style de lancer.

Le fonctionnement est assez simpliste puisqu'on retrouve un manche muni d'une imposante cuillère et disposant d'une goupille de sécurité en guise de précautions.
Lors de son emploi, le soldat n'aura qu'à retirer cette dernière et jeter la grenade dans la direction souhaitée. Ainsi, une fois la pression sur la cuillère relâchée, celle-ci s'écarte du manche grâce à un ressort et entraine le basculement d'une petite pièce métallique articulée dont le mouvement va causer le retrait d'une clavette qui maintenait la masselotte percutante ( système Poppenberg présent également dans la fusée pour projectile Lanz ) éloignée de l'amorce grâce à un ressort et qui va donc libérer cette dernière.


               B) Modèle à tige de la grenade Kugel :


Position de tir dans une tranchée pour grenades à fusil ( Gewehrgranaten ).


A l'instar des grenades à baguette apparues en 1913 et 1914 qui sont des modèles à part entière, la grenade Kugel va être adaptée sur tige et ce dans le but de pouvoir être tirée par un fusil et projetée encore plus loin au-delà des lignes. Il faut dire qu'un combattant de force moyenne ne peut lancer la grenade originale qu'à une quinzaine de mètres, sa forme ronde lui permettant en roulant d'améliorer un peu cette distance.
C'est un système à griffes, dont il existe deux variantes, se vissant simplement à une baguette qui va permettre à la grenade d'être maintenue en place.




Bien évidemment avant projection du dit projectile, une traction devait être effectuée sur l'allumeur pour en arracher le rugueux. Ainsi, ce dernier était relié à une solide ficelle rattachée elle-même au chevalet ou tout simplement au pontet du Mauser 98.


               C) La catapulte Wurfmaschine du système Bosch :


Soldat allemand dans son abri se préparant à faire feu avec un engin méconnu.


Comme on a pu le voir, la grenade Kugel a été employée avec divers systèmes dont des catapultes et ce afin d'être projetée à des distances bien supérieures à celles qui auraient pu être atteintes à la main.
La catapulte Wurfmaschine semble être le projet le plus abouti et a été produit dès 1916 en série ( cependant très limitée ) par la célèbre firme Bosch. Cette dernière pèse 75kg et dispose de deux plaques signalétiques apposées sur son imposante armature en ferraille.




Un seul exemplaire connu à ce jour est présent au musée de Rastatt ( Pays de Bade ), c'est d'ailleurs le modèle que nous vous présentons ci-dessous et dont les photos sont extraites de l'ouvrage autrichien "Strom Troops" de Christian Ortner.


Les plaques signalitiques que nous avons mentionnées plus haut, outre le fait qu'elles renseignent sur le fabricant, nous en apprennent un peu plus sur les distances qui pouvaient être atteintes avec ce matériel selon la tension donnée au ressort ( comprise entre 1 à 5 ) ainsi que le type de munitions employées sans oublier leurs nombres.
En effet, outre la Kugelhandgranate qui pouvait être propulsée à près de 150m, cet engin permettait également d'envoyer dans les airs des grenades suffocantes ( Gashandbomben ) ainsi que des grenades offensives dites "tortue" ( Diskushandgranaten 15 ). C'est d'ailleurs avec ce modèle-ci que la configuration de lancer sera optimale, permettant dès lors d'atteindre une portée située aux alentours des 200m pour une seule grenade employée !



Soldat Bulgare posant aux côtés de son confrère allemand devant une Katapult de ce type.











Sources:
- Notice "Kugelhandgranate (Khgr.)" - Berlin 1914
- Notice succincte sur les divers modèles de grenades actuellement en service dans l'armée allemande édité par l'Armée Française - Avril 1918
- Consignes de sécurité à observer dans la manipulation des munitions allemandes - USA 1918.
- Les grenades à main allemandes en 1918 par Anthony C. Medahl - Magazine allemand "Zeitschrift für Heereskunde" N°350/351 Juillet-Octobre 1990
- Les grenades allemandes de la Grande Guerre par Patrice Delhomme

Photographies:
- Archive et collection personnelle
- Toorop
- Yann
- Jérémie Raussin
- Rémy Risacher
- Joël Huet
- Aurélien Rimé
- Stéphan Lalisse
- Jeff Osborne ( USA )
- Brett Butterworth ( Australie )
- Jo Engineer ( Allemagne )
- Thomas Wictor ( USA )
- Paul Spence ( Angleterre / www.paul-spence1964.com )
- Nick Jeans ( Angleterre )
- Aurel Sercu ( Belgique )
- Mike Mondoggy ( USA )
- Philippe Vandeweege ( Belgique )
- Przemyslaw Michalski ( Pologne )



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