Les munitions, un réel danger.

Vos hauts-parleurs sont allumés ? Une bande-son est présente sur cet article.



41 millions d’obus tirés en 1 mois, 3 à 4 obus par mètre carré; voilà des chiffres qui reflètent une triste réalité, celle de Verdun dans sa toute première phase de bombardements durant l’année 1916.
Ainsi, la guerre n’est jamais finie, même 90 ans après, il est encore possible de retrouver des vestiges de la guerre. Une étude entreprise dans les années 2000 a permis de démontrer que près de 20% des munitions tirées durant le premier conflit mondial n’ont pas explosé, les causes provoquant le non-éclatement des projectiles étant multiples.

Depuis l’armistice du 11 Novembre 1918, des personnes de tout horizon travaillent pour le désobusage des zones dévastées par les différents conflits qu’a connus le territoire français. Ces démineurs, hommes de l’ombre, sont là pour prévenir et empêcher tout type d’accidents; certains y laissant parfois leur vie au cours d’interventions.


Equipe d’artificiers franco-américains avec leur véhicule tous-terrains aux ailes peintes en rouge ( cliché central ).
Photos prises au tout début des années 60 dans le secteur de Verdun.



Malgré tous ces efforts, le désobusage ne peut être complet étant donné l’immensité des différents champs de bataille et surtout l’ampleur des bouleversements du terrain. C’est ainsi que nombre de personnes de tout type ( forestiers, chasseurs, cultivateurs, touristes, collectionneurs ) sont victimes d’accidents souvent mortels.




La curiosité, l’inexpérience, l’accoutumance du danger en sont bien souvent la cause.
Ainsi, le fait de découvrir un engin rouillé, rongé par le temps et les intempéries, fait oublier les plus élémentaires précautions envers ces projectiles qui ont été crées avant tout pour tuer. Le moindre choc, une mauvaise manipulation, un changement brutal de température et c’est l’accident !

Il nous serait impossible à l’heure actuelle de rescencer tous les drames survenus et d’en relater les faits tellement ces derniers sont nombreux.
Cependant, à titre d’information, voici quelques exemples d'évènement ayant touché des habitants de la Meuse après-guerre qui montrent la diversité de ces accidents.

En 1958, l’Agent Forestier du poste de Vaux-devant-Dam loup ( ancien village détruit en 1916 ) est tué par l’éclatement d’un obus alors qu’il brûlait des broussailles devant le poste, à un endroit où chaque année, il effectuait la même opération.
En 1960, sur le territoire de la commune d’Eix-Abaucourt, un bulldozer du 249ème Bataillon du Génie US travaillant à la voie ferrée pour la désserte d’un dépôt de munitions d’une commune voisine, déterre une grenade qui explose immédiatement. Par chance, il s'agissait d'un modèle fumigène !
Même année, village de Moulainville, la petite fille de l’Agent Forestier local joue auprès d’un feu allumé dans le jardin. Une détonnation a alors lieu, la filette reçoit un éclat à la tête et devra être opérée, perdant un œil. Une fusée d’obus avait été jetée inconsidérément dans le brasier par des enfants du village.
Toujours en 1960 mais cette fois-ci du coté de Ronvaux, un groupe de chasseurs déjeune autour d’un feu. Au moment de s'éloigner pour reprendre la chasse, un obus enterré explose; ils n’entendront que siffler les éclats alors que ces chasseurs viennent de se jeter au sol.
En 1963, un enfant du village de Watronville joue prêt d’un feu allumé par les cantonniers, il reçoit un éclat à la main alors qu’une cartouche de fusil vient d’exploser.




Collectionneurs d’obus, amateurs de vestiges, visitent souvent ces forêts qui renferment une trace du passé et s’improvisent démineurs. Chacun ignore ou veut ignorer, sous le prétexte qu’il as acquis une certaine habitude, que plus un explosif vieillit, plus celui-ci devient instable, plus ce dernier est donc sensible et dangereux ce qui entraîne souvent un drame !
Chaque année, des collectionneurs perdent ainsi bêtement la vie pour une passion qu’est le militaria et qui nous réunit tous ici.

Si il vous arrive de trouver un objet ressemblant de près ou de loin à une munition, n’y touchez en aucun cas !
Ceci ne veut cependant pas dire qu’il faut rester sans rien faire puisqu’un projectile abandonné, enterré ou autre, restera actif et le danger potentiel qu’il représente ne cessera de s’accroître avec le temps et la corrosion. Ainsi, lors de la découverte d’un engin suspect, prévenez au plus rapidement la Gendarmerie et/ou la Mairie du lieu de découverte qui contacteront le Service de Déminage de la Sécurité Civile.
A savoir que leur déplacement est gratuit et que vous n’aurez droit à aucun ennui; rien n’empêche donc de donner un petit coup de fil.



Accident survenu suite à la manipulation d‘une grenade à fusil de type VB.



En cas d’accident, gardez votre calme et prévenez les secours ( 112 ) le plus rapidement possible. N’hésitez pas à informer ces derniers sur le lieu et le type de terrain où vous vous trouvez ( relief, ruisseau, etc ..) ainsi que sur le nombre de victimes et leur état. Tant que votre interlocuteur ne vous demande pas de raccrocher, ne le faites pas. Si l’explosion a projeté des parcelles de phosphore, qui brûlent en émettant une fumée très blanche, n’hésitez pas à les éteindre par recouvrement (eau, terre, sable...) en évitant tout contact.


Nous espérons, grâce à cet article, avoir pu sensibiliser un maximum de lecteurs sur la dangerosité des munitions. La collection d’objets militaires ainsi que les fouilles sont un passe-temps qui doit se faire de manière réfléchie et raisonnée. Il serait donc dommage d’alourdir les pertes déjà assez nombreuses de personnes ayant trouvé la mort suite à la manipulation d’objets inconnus.





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