Le Casque Français.





La première réalisation officielle de protection de la tête, étendue à l’ensemble des troupes de première ligne, date de la fin 1914 avec l’adoption de la cervelière.
Cette calotte semi-sphérique était emboutie d’une seule pièce dans une tôle d’acier de 0,5 mm d’épaisseur, puis percée à sa base de deux trous opposés devant permettre de la coudre à l’intérieur du képi. D’un poids de 273g, son prix de revient était de 0,38 franc en 1914.
Aussitôt adoptée, la fabrication, confiée à la société des coffres-forts Fichet, fut lancée industriellement et en février 1915, 700 000 exemplaires avaient déjà été distribués tant aux soldats français qu’à leurs alliés belges et anglais.
Cependant nous ne pouvons pas dire que cette dernière devait être agréable à porter. En effet, pour être réaliste cette calotte était très incommode puisque en contact direct avec la tête, elle était difficile à adapter à la forme du crâne et quand le soldat y parvenait enfin, elle provoquait parfois de forts maux de tête du fait de la chaleur développée.
Pour combler à ce défaut de confort, des améliorations furent envisagées. Ainsi, une cervelière ovalisée, plus profonde, pesant 225g vit le jour. Puis à la fin du printemps 1915, une autre identique au premier modèle mais avec un fond aplati ménageant un petit bourrelet d’air au sommet du crâne fut expérimentée. Celle-ci pesait 230g et était peinte en gris bleuté.



Par ailleurs malgré tous les efforts entrepris par l’Etat Major français, la plupart des témoignages venant du front reflétait l’idée comme quoi les cervelières étaient dans la plupart des cas inefficaces. En effet, les tirs expérimentaux de schrapnels français, effectués au Polygone de Bourges, ont démontré que seul 60% des coups étaient arrêtés par ce type de protection. Ainsi le nombre de soldats blessés à la tête restaient très élevés.



L’Etat Major Français décida alors dès 1915 de mettre en place une coiffure efficace, rationnelle, protégeant à la fois le crâne, la nuque mais aussi le front. Ainsi cette dernière est mise au point le 31 avril 1915. Commandées le mois suivant, les premières centaines de mille sont livrées en juillet et c’est pourquoi, à l’offensive de Champagne le 25 septembre 1915, tous les attaquants français le portent. Ce casque est dénommé le casque Adrian modèle 1915.


Embouti d’une seule pièce et établi en acier suffisamment épais et résistant, ce casque constitue pour la tête et même le haut du visage, grâce à sa visière, une protection excellente, tout en ne pesant que 600 à 700 grammes.
Pourvu intérieurement d’une coiffure en cuir maintenue dans la bombe par 4 agrafes crampons, avec un dispositif ingénieux d’aération, il s’adapte admirablement à la tête. Cette coiffe peut arborer deux aspects qui sont en fait 2 modèles bien distincts. L‘un dit de « premier type » est fait d‘une seule et unique pièce et est composé de sept dents de loup comme on peut le voir sur la photo ci-dessous, tandis que l‘autre, pour des raisons économiques ne comporte plus que 6 dents et est fait en deux parties.


Il a été très soigneusement étudié par son inventeur; la visière et le couvre-nuque ont été disposés de façon à ne gêner ni le tir dans toutes les positions, ni la marche avec le sac à dos; quant au cimier qui le couronne, aussi résistant que le reste de la coiffure, il abrite l’orifice d’aération, tout en décorant d’une façon sobre la partie supérieure de la bombe.
Ce nouveau casque est peint premièrement en bleu brillant et va vite s’orienter vers une peinture plus matte. Il sera même parfois repeint en moutarde par les troupes d‘Afrique par exemple.

Il porte sur le devant de la bombe un insigne distinctif suivant les armes et subdivisions d’armes: c’est pour l’infanterie de ligne la grenade; pour les chasseurs à pied le cor de chasse; pour l’infanterie coloniale l’ancre; pour les spahis, les zouaves, les tirailleurs nord Africains ( Algériens, Marocains, Tunisiens) et les goumiers le croissant; pour les troupes coloniales ( Sénégalais, Tonkinois, Annamites, ect ... ) la grenade brochant sur l’ancre à double cordage d’abord peinte en bleue puis en kaki à partir de 1916; pour le génie la cuirasse et le pot en tête; pour l’artillerie les deux canons croisés; pour le service de santé le caducée disposé au centre d‘une couronne formée d‘une branche de chêne et d‘une branche d‘olivier. L’insigne est tout d’abord peinte de la même façon que le casque mais par la suite ils seront stockés et peints séparément.



Casque de l’infanterie


Casque pour les chasseurs à pieds


Casque pour l’infanterie coloniale


Casque pour le génie


Casque pour l’artillerie


Casque pour l’intendance


Casque pour les troupes d‘Afrique


Casque pour le service de santé


Ce casque est seulement une coiffure de tranchées et de combat, et, sitôt revenu en arrière au repos, le pioupiou recampera fièrement sur l’oreille , le képi déformé par des mains expertes et mis à la mode héroïque.


De plus, par décret en date du 18 décembre 1918, le gouvernement français reconnaissant attribue une plaquette à chaque officier ou soldat ayant appartenu à une formation des armées.


Ainsi, l’article premier stipule que chacun recevra cette plaquette munie des inscriptions suivantes: ( nom et grade), Soldat de la Grande Guerre 1914-1918.
L’article 2 quant à lui, prévoit qu’une plaquette portant les mêmes inscriptions serait remis sur sa demande à la famille de tout militaire décédé ayant appartenu à une formation des armées. Cette « plaquette souvenir », pour utiliser la terminaison officielle, est en laiton repoussé, épousant parfaitement la forme de la visière du casque à laquelle elle doit être rivée. Son motif central est un ovale où figure les inscriptions sur 2 voir 3 lignes si les noms et grades sont apposés, le tout encadré de deux branches de lauriers.

Cet ornement de laiton est livré, attaché à une plaquette de carton, sur lequel figure le nom et l‘adresse de la personne.



Pour finir, le casque Adrian fut adopté successivement par nos alliés Belges, Italiens, Serbes, Russes et Roumains.
Ainsi, le casque Belge est de couleur kaki pour s’harmoniser avec le nouvel uniforme de campagne de cette nation, et a pour insigne une tête de Lion; le casque italien, de la couleur gris-vert de l’uniforme de campagne ne porte pas d’insigne; le casque serbe, de la couleur kaki, a un insigne représentant les armes de la Serbie; le casque russe, de cette même couleur kaki, porte les armes de la Russie; enfin le dernier venu, le casque roumain, peint de couleur gris bleu comme le casque français, porte les armes de la famille royale roumaine.


Casque Belge


Casque Serbe


Casque Roumains


Casque Russe



Par ailleurs, l’adoption de notre coiffure protectrice par les armées alliées fait le plus grand honneur à son inventeur et à notre industrie. Ainsi la fabrication du casque Adrian, commencée au mois de mai 1915, ne s’est pas arrêtée un instant durant la grande guerre; pour atteindre le douzième million, ce qui correspond à un emploi d’environ 12.000 tonnes d’acier.









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