Le Casque d'acier.



Exposition publique, place de la Concorde à Paris, présentant un char léger Renault FT ainsi qu'une multitude de casques allemands récupérés sur le terrain.



Dès 1915, l’Etat Major Allemand décide de la mise en place d’un nouveau casque qui permettrait de faire diminuer le nombre de blessures à la tête sur le champ de bataille. Ainsi, après des études poussées, le célèbre casque à pointe des troupes allemandes fut remplacé par un casque d’acier appelé Stahlhelm. Celui-ci fut utilisé pour la première fois lors de l'une des plus célèbres batailles de la Grande Guerre: la bataille de Verdun au début de l‘année 1916.




I - Le Casque d'acier des troupes allemandes : son évolution durant le conflit.


De nombreux mois d’études réalisées au cours de l’année 1915 ont été nécessaires au Capitaine Friedrich SCHWERD, autrefois professeur à l’Institut Technique de Hanovre, ainsi qu’au chirurgien August BIER du XVIIIème Corps d'Armée, afin de concrétiser leur projet, à savoir la création d’un casque moderne pouvant concurrencer et même déclasser l’invention française qu’était le casque Adrian.
Dès le mois d’Aout, des firmes comme Krupp à Essen ainsi que Juncker à Berlin furent choisies afin de procéder à des essais de production; essais qui s’avèreront négatifs et c’est au final la société Eisenhüttenwerke située dans la ville de Thale ( fonderie au Nord du massif de la Harz au centre du pays ) qui remporta le contrat.
Au mois de Novembre de cette même année, plus précisément le 20, près de 400 casques ( pröbe ) sortirent des usines et furent soumis à des essais balistiques qui se révèleront convaincants pour l'Etat-Major et c'est ainsi qu'il donna son feu vert, par le biais d'une note officielle, afin que les soldats en soient équipés !
Dès lors, les usines vont tourner à plein régimes et ce sont 30 000 casques d'acier qui vont être livrés au tout début de l'année 1916, en Janvier, à la 5ème Armée engagée sur le front de Verdun ainsi qu'à la 6ème, elle sur le front de la Somme. Le rythme s'accélère encore plus dans les mois qui vont suivre, puisqu'en Avril, 1.200.000 casques vont sortir des firmes pour une production de guerre estimée à environ 7.500.000 unités.



Cliché présentant les différentes étapes dans la fabrication du casque d'acie et issu du fond d'archive de l'Imperial War Museums à Londres.


Un document allemand traduit le 24 Juillet 1916 par l’Etat-Major Général Français nous décrit le Stahlhelm, cette invention révolutionnaire qui va faire du fameux casque à pointe, ce couvre-chef décoratif, une histoire ancienne !
Ainsi, il nous est dit que le casque allemand est fait à partir d’une plaque d’un alliage d’acier ( chrome / nickel ) dont l’épaisseur de 1.2mm est calculée de façon à supporter un poids d’environ 1kg par millimètre carré.
De chaque coté se trouvent ce que l’on nommera des boulons ( d’où le surnom de "casque à boulons" ) qui jouent à la fois le rôle de ventilation mais qui permettent également la fixation d’une plaque de blindage, du nom de Strinpanzer, qui sera employée essentiellement par les guetteurs dans les tranchées et qui est décrite dans un autre article ( consultable ici ).
A l’intérieur de ce couvre-chef, afin d’en améliorer le confort lors du port, est présent une coiffe fixée au casque grâce à un cerclage maintenu en place par 3 rivets, dont celui situé à l'arrière légèrement plus gros que les autres et ce dans un soucis de maintien de la plaque de blindage citée plus haut. Cette coiffe est par ailleurs composée de trois pattes de cuir à l’arrière desquelles se trouvent des coussinets qui pourront être plus ou moins rembourrés au bon vouloir du soldat et qui sont réalisés à partir de chutes de tissus divers.
Au delà de cela, on retrouve des tourillons qui permettront, tout comme avec l'ancien casque à pointe, d'y fixer une jugulaire de cuir composée à ses extrémités d'attaches métalliques dont le but est de régler le casque et son maintien sur la tête. A savoir que ces jugulaires sont dans un premier temps des exemplaires de casques à pointe réutilisés ( notamment des jugulaires modèle 1891 à garnitures en laiton ainsi que des jugulaires équipant les modèles 15 à garnitures en fer ) pour enfin être produites pour le Stalhelm lui-même et reconnaissables par l'emploi d'un cuir plus épais. Ces dernières peuvent être cousues, voir plus rarement rivetées.



Soldats allemands des troupes montées munis de Mantel avec pattes d'épaule camouflées.
On notera l'utilisation inhabituelle d'une jugulaire à écaille pour casque à pointe.



Le but premier du casque d’acier est de protéger son porteur contre les petits éclats d’obus ou de grenades, ainsi que les balles de shrapnell qui représentent à eux seuls le plus gros danger pour l‘intégrité physique du soldat. Sa forme si particulière permet ainsi à celui-ci d’être protégé à différents niveaux comme le crâne, le coup, le front, les tempes ou encore les yeux.
Cependant, cette protection a ses limites puisque la solidité du casque n’est pas étudiée, comme la plupart des coiffures de cette époque, à supporter l’impact d’une balle en tir tendu.



Divers soldats, dont des combattants du Königlich Sächsisches Jäger-Bataillon Nr. 12 ( Freiberg ),
posant avec leur casque impacté qui leur ont sauvé la vie !



Le casque est réalisé en 5 tailles dans les proportions suivantes:
- Taille 60, tête dont le pourtour est de 52 à 53cm : 1%
- Taille 62, tête dont le pourtour est de 53.5 à 55cm : 13%
- Taille 64, tête dont le pourtour est de 55.5 à 57cm : 42%
- Taille 66, tête dont le pourtour est de 57.5 à 60cm : 40%
- Taille 68, tête dont le pourtour est de 60.5 à 62cm : 4%

L'aspect différent des évents d'aération renforcés, appelés plus communément "boulons", est du à la variation de taille du casque même.
Ainsi, plus le casque est petit, plus les entretoises sur les évents seront importantes ( boulons plus longs ). Ceci s'explique par la volonté du constructeur à pouvoir y positionner la Stirnpanzer qui, elle, n'existe qu'en une seule et unique taille.

Les fabricants du casque d'acier sont assez nombreux et certains d’entre eux n’ont produit que des tailles bien précises, notamment pour les différentes variantes du casque. On retrouve ainsi entre autres:
- B.F., F.C. Bellinger situé à Fulda ( Hesse )
- Bismarckhütte ( Haute-Silésie )
- ET, Eisenhüttenwerk Thale situé à Thale ( Harz )
- G ou GL, Gebrüder Gnüchtel situé à Lauter ( Saxe )
- GBN, Gebrüder Bing situé à Nürnberg ( Bavière )
- LI, Stahlwerk Richard Lindenberg AG situé à Hasten près de Remscheid ( Rhénanie-du-Nord-Westphalie )
- K, Remscheid-Hasten K situé à Remscheid ( Rhénanie-du-Nord-Westphalie )
- Korting & Mathiesen situé dans le quartier de Leutzch à Leipzig ( Saxe )
- J. & H. Kerkman situé à Ahlen ( Westphalie )
- NJ ou NI, Vereinigte Deutsche Nikelwerke situé à Schweitzer ( Westphalie )
- Q, Firma F. W. Quist situé à Esslingten ( Württemberg )
- SE (anciennement G), Sachsische Emaillen u. Stanzewerke situé à Lauter ( Saxe )
- Si, Eisenhüttenwerk Silesia situé à Paruschowitz ( Haute-Silésie )
- SH (entrelacé) Siemens u. Halske situé dans le quartier de Siemensstadt à Berlin
- Stahlwerk Becker situé à Kiefeld ( Rhénanie-du-Nord-Westphalie )
- TJ, C. Thiel & Söhne situé à Lübeck ( Schleswig-Holstein )
- W, Hermann Weissenberger & Co situé dans le quartier du Cannstatt à Stuttgart ( Bade-Württemberg )

Il faut savoir que ces données, celles en rapport avec la firme de production et la taille, sont renseignées systématiquement sur le casque. En effet, ces dernières sont estampillées à froid à l'intérieur même de celui-ci, au niveau du décrochement de la visière. Ainsi, le fabricant qui a produit un casque d'acier apposera sa marque suivie de la taille de ce dernier. Le fait d'avoir souligné dans la liste des fabricants donnée plus haut certaines lettres n'est donc pas innocent, il ne s'agit ni plus ni moins que des codes des manufactures connues !
Certains fabricants iront plus loin encore en estampillant à l'encre ou à froid des données similaires à divers endroits du casque ou encore de sa coiffe et de son bandeau. On retrouve même parfois la marque du contrôle du casque, à savoir les initiales AK ( Abnahmekommando ) à l'encre surmontant la taille même du casque.
Sur certains exemplaires se trouvent également une lettre suivie de plusieurs chiffres, ensemble poinçonné le plus souvent à l'intérieur du casque et qui, comme sur beaucoup de matériels tels que les munitions, doit représenter un numéro de lot en rapport avec l'acier utilisé ( numéro de série ).


L'Armée elle-même contribua à l'apposition de marquages à l'encre, voir toujours à froid, en rapport avec l'affectation donnée au casque tandis que le soldat fit parfois de même au crayon ou à la peinture, en oubliant pas de mentionner son nom.



                    A ) Le Casque modèle 1916 du premier type.




Cette dénomination est due comme vous pouvez vous l’imaginer à la date d’apparition sur le front du casque d’acier, c’est à dire à sa première livraison aux Armées.
Sa coiffe en cuir fauve est rattachée au casque grâce à un cerclage de même matière qui peut se décliner en deux variantes:
- Cerclage composé de deux bandes de cuir de 2mm chacune, jointes et cousues entre elles grâce à du fil de lin sur 3 niveaux.
- Cerclage composé d’une seule et unique bande de cuir de 3 à 4 mm d’épaisseur environ ( côté chair orienté vers l’intérieur même du casque, le côté peau étant quant à lui dirigé vers l’extérieur ) à une couture.

Par ailleurs, afin d'illustrer au mieux ce dont nous avons parlé plus haut, voici deux exemples de bandeau de coiffe du second type, c'est à dire à une couture, marqué. L'un nous renseigne ainsi sur l'affectation Württembergeoise donnée en 1916 au casque qu'il équipe, à savoir le magazin d'habillement du 13ème Corps d'Armée ( Bekleidunsamt des XIII. Armee Korps ). L'autre cerclage est quant à lui estampillé extérieurement par sa firme de production Otto Koch & Co. située à Berlin S.O. où il est fait mention de la taille ( 62 ) et de l'année de fabrication ( 1916 ), alors que ce dernier est monté sur une coque réalisée par le fabricant Eisenhüttenwerk Thale qui s'avère être d'une taille différente ( 64 )! Ces informations intéressantes nous permettent de supposer que la coque et les accessoires qui la composent pouvaient être produits et assemblés dans des endroits différents, un peu comme avec les baïonnettes.




A savoir qu'une variante de ce modèle de casque-ci existe. Il s'agit en fait d'une des premières productions du fabricant Eisenhüttenwerke de Thale ( code ET ) qui décrocha le contrat initial auprès de l'Armée du Kaiser. Ces casques précoces portent le nom outre Atlantique de Square Dip; appellation qui fait référence au décrochement important de la visière qui est une des caractéristiques principales de ce modèle. Outre cet angle inférieur quasi droit et non arrondi, on retrouve également une coiffe intérieure similaire au modèle 16 si ce n'est qu'elle possède non pas 2 mais 3 "dents de loups".
Cette production atypique sera vite abandonnée au vue du nombre important de cassures à cet endroit précis du casque.



Exemplaire d'un de ces fameux Square Dip à gauche avec sa coiffe spécifique.




Hommes du Landwehr Infanterie Regiment Nr. 382 photographiés dans une tranchée
dans le secteur du Bois-le-Prêtre. On notera le port du casque précoce cité plus haut.




                    B ) Le Casque modèle 1916 du second type.




Souvent appelé modèle 1917 et à tort par les collectionneurs, ce type de casque est en fait apparu au courant de l'année 1916 et se différencie du modèle précédent par son bandeau de coiffe qui n'est plus en cuir, mais en fer.
De plus, outre l'utilisation de la fameuse coiffe en cuir fauve que l'on connait, on retrouve de temps à autre et donc plus rarement l'emploi d'un intérieur de couleur blanc. En effet, nul besoin de rappeler que nous sommes en temps de guerre et que dès lors, les matériaux se raréfient, une telle production dénote donc une fabrication plus tardive dans un matériau plus courant, moins couteux, une sorte d'ersatz en quelque sorte.

Par ailleurs, veuillez trouver ci-dessous un exemple de bandeau de coiffe tamponné comme il en a été question en début d'article et qui est monté ici sur une coque modèle 1916 du second type. Celui-ci nous renseigne à la fois sur le fabricant, la taille ainsi que la date de production de ce dernier, à savoir F.C. Bellinger en 1917 qui corrobore avec le marquage de la coque qui n'est autre que B.F. et qui nous indique donc ici que cette firme de production à fabriquer outre le casque, la coiffe de celui-ci, ce qui n'est pas forcément systématique chez les fabricants comme nous avons pu le voir plus haut.





                    C ) Le Casque modèle 1918.




Il faudra attendre la quatrième année de guerre pour voir apparaître un nouveau modèle de casque d'acier.
Ce dernier possède une jugulaire directement rivée au bandeau de la coiffe grâce à des anneaux d'où l'absence, à la base de ce casque, d'excroissances. Cette jugulaire est donc bien différente des modèles auxquels nous avons eu précédemment à faire et est équipée d'une genre de sous-mentonnière.
Outre cette modification majeure qui entraine l'apparition d'un nouveau type de jugulaire, on retrouve l'utilisation de couleurs nouvelles en guise de peinture. En effet, le fameux Feldgrau que l'on connait, si typique à cette Armée germanique, va être parfois de teinte beaucoup plus grisâtre ( Grau ).

De plus, je pense qu'il est nécessaire de rappeler que le casque modèle 18 sera équipé essentiellement d'une coiffe en basane blanche, puisque de fabrication de fin de guerre ( voir explications données dans la partie consacrée au casque modèle 16 du second type ), même si l'emploi de coiffe de couleur fauve n'est cependant pas à exclure, de nombreux exemplaires de casques équipés de la sorte sont en effet là pour nous le rappeler!



                    D ) Le Casque à échancrures.




Au cours de l'été 1918, c'est un tout nouveau et dernier casque qui va apparaître et dont certains soldats allemands et les nouvelles recrues vont pouvoir être équipés. Identique au modèle précédent dans ces nombreuses caractéristiques dont la jugulaire spécifique, ce casque est très facilement identifiable puisque ses bordures vont être totalement redessinées. En effet, la coque d'acier va être découpée de façon à ce que les échancrures ainsi créées puissent diminuer l'effet de résonnance, de bourdonnement auquel les soldats étaient soumis lors notamment d'intenses bombardements, les rendant dès lors inaptes au combat !
Ce casque est donc bien le fruit de recherches poussées et orientées sur l'effet de résonnance qui peut être ressenti par une personne qui le porte et équipera dès lors tout soldat, quel que soit son régiment d'affectation. L'hypothèse émise par certains collectionneurs comme quoi ce casque était destiné uniquement à des unités spécifiques comme celles des téléphonistes, dont la forme du casque facilitait l'écoute, est donc erronée.



Soldats en plein assaut équipés de casques à échancrures.
( Photographie issue du fond d'archives de l'Imperial War Museum à Londres )





II - Le camouflage, ou l'art de se dissimuler.




Avec les années, la guerre ne cessa d’évoluer et c’est ainsi que le monde vit apparaître une nouvelle facette du conflit, la guerre de tranchées. L’Etat-Major Allemand décida alors la mise en place de camouflage afin de ne pas être repéré par l’ennemi. On commença ainsi par camoufler les canons afin que ceux-ci ne soient aperçus par l’aviation et cette idée va bien évidemment s’étendre aux casques.

Ce terme qu’est le camouflage est vague puisque la peinture feldgrau elle-même peut être assimilée à ce mot; mais ici, l’on parle du camouflage, le vrai, cette apposition de peinture si particulière qui rend une pièce unique en son genre.

Les types de camouflage rencontrés sont très divers, il existe donc une multitude de variétés dont certaines sont plus esthétiques que d’autres mais dont le rôle joué n’est en aucun cas remis en cause.



Lorsque l'on parle de casques allemands camouflés, on pense tout de suite au schéma de peinture dit "tortue", rappelant les dessins si particuliers de la carapace de cet animal.
Ce type d’apposition est en effet le plus couramment rencontré mais bien d’autres types de camouflage ont pu être observés sur des photos d’époque et par le biais d’exemplaires découverts sur le terrain.
Ainsi, certains casques pouvaient être camouflés à l’aide de branchages et de fils de fer comme ce fut souvent le cas durant la seconde guerre mondiale. On retrouve également l'usage de toile de jute voir d'un drap blanc pour s'associer avec la tenue hivernale de camouflage ( on rencontre même des couvre-chefs tout simplement peints dans cette couleur, le blanc ). Par ailleurs, de nombreux clichés d'époque nous laissent supposer que certains combattants n'ont pas hésité à badigeonner de terre et/ou de craie leur casque afin de se mêler, au mieux, à l'environnement dans lequel ils évoluent!



De nombreux exemplaires de casques camouflés reprennent un même type de dessin si particulier ( voir photographie d'époque publiée bien au-dessus ), avec l'emploi d'un même type de peinture, ce qui pourrait laisser penser que dans certains cas, l’application du camouflage n’est pas le fruit du travail individuel d'un soldat mais bel et bien celui d'une personne disposant de bien plus de prérogatives, comme par exemple le fourrier du régiment.






III - Le Casque Allemand et les Unités spécifiques.


                    A ) Le Casque du 1er régiment de la Garde.




Major Graf zu Eulenburg, dernier chef de corps du 1er régiment de la Garde à pied,
détenteur de l'Ordre Prussien "pour le mérite".



Les casques d’acier portés par le 1er régiment de la Garde à pied ( régiment de Grenadiers, 1. Garde zu Fuss regiment ) se voient apposer, au cours de la première moitié de l'année 1918, un insigne sur le coté gauche: l’écu des armoiries des Hohenzollern.
Il faut savoir que ce régiment est considéré comme l’élite de la Garde Prussienne, de grands noms y ont servi comme le Kaiser lui-même, l’attribution d'un tel insigne distinctif pour les hommes composant cette unité d'élite n’est donc pas innocente.





Ce régiment était composé de 12 compagnies, plus une de mitrailleurs.
A l’arrière de chacun des casques pouvait être peint en rouge le numéro de l'une de ces dernières; il arrive même parfois de rencontrer non pas un chiffre mais un L gothique en rapport avec la 1ère compagnie de Garde du corps ( "Leib - Compagnie" ).
Un exemplaire camouflé du 1er régiment de la Garde nous montre que le chiffre peint n’est plus de couleur rouge mais blanc afin de le faire ressortir par rapport aux autres couleurs.

D'après certaines sources ( allemandes ), l'écu des Hohenzollern fut également apposé sur les casques en acier du 1er Régiment d'artillerie de la Garde, voire même fut étendu à toutes les unités de la 1ère Division de la Garde ...


                    B ) Le Casque des Mitrailleurs d'élite.




Insigne de bras spécifique aux M.G.S.s. du fabricant Junker à Berlin.



La création d’unité de mitrailleurs autonomes, MaschinenGewehr Scharfschutzen ( abréviation M.G.Ss. ), est décidée par décret le 25 Janvier 1916 par le Ministre de la Guerre Prussien.
A l’issu de leur stage de formation, chaque soldat se voit remettre un insigne spécifique qu’il devra porter au bras gauche. Celui-ci représente une MG08 sur affût traineau entourée d’une bande de cartouches.

Tout comme le 1er régiment de la Garde à pied, certains hommes issus de ces unités d’élite arborèrent durant la guerre des casques sur lesquels était peint localement, du coté gauche, un insigne reprenant à l’identique ou presque celui cousu sur la manche de leur Feldrock.


                    C ) Le Casque du personnel médical.



Tout comme pour les autres unités spécifiques, certains infirmiers ( et peut être même brancardiers ) issus des Sanïtaskompanie disposaient d'un important insigne frontal sur leur Stahlhelm renseignant sur leur spécialité, à savoir les soins médicaux. Ainsi, une imposante croix rouge était peinte sur un cercle blanc et même si ce procédé a longtemps été considéré comme pure fantaisie par les collectionneurs du monde entier, il ne fait aucun doute que des casques arborant un tel insigne aient existé même si il est vrai que de telles coiffures ont dû être utilisées à très faible échelle lors de ce conflit, ce système se généralisant cependant grandement durant la seconde guerre mondiale.


Infirmiers photographiés avec leur charette dont deux d'entre eux sont munis de rares casques à insigne.





IV - Le Casque Allemand et ses dérivés.


Les Alliés de l’Allemagne comme l‘Autriche, la Hongrie voir même la Bulgarie, au vu des résultats positifs que génère l’emploi du casque par les troupes allemandes, adoptèrent à leur tour cette coiffure en acier qui leur sera directement livrée par l’Armée Impériale.
Les résultats étant des plus convaincants, l’Autriche tout comme la Hongrie finirent par produire eux-mêmes ce type de casque, en en reprenant les grandes lignes mais en en changeant néanmoins quelques détails.

Niveau marquages, les mêmes règles qu'avec le casque germanique s'appliquent, les fabricants eux étant différents bien évidemment.
Ainsi, on retrouve :
- AW, A. Westen situé à Celje ( Slovénie )
- BGB, Brüder Gottlieb u. Brauchbar situé à Brno ( République Tchèque )
- CAS, C.A. Scholtz situé à Mateocz ( Slovaquie )
- GB, Gebruder Bohler & Co. situé à Kapfenberg ( Autriche )
- Berndorfer Metal-Warenfabrik A Krupp AG situé à Berndorf (Basse-Autriche )


                    A ) Le Casque Autrichien.





Les casques autrichiens commencèrent à être produits à partir de mai 1917, on parle ici donc non plus de casque modèle 16 mais bien de casque modèle 17.
La première des différences réside dans la teinte de la peinture appliquée qui, bien des fois qu’elle soit feldgrau comme pour le modèle allemand, est bien plus souvent proche du brun voir du brun paille qui lui donne une teinte un peu plus jaunâtre.
La seconde différence qui permet de ne pas se tromper, puisque visible de l’extérieur, se trouve dans le positionnement des rivets des attaches de jugulaire qui sont fixés à la coque plus haut que le système à tourillons du modèle 16 allemand.
Par ailleurs, les jugulaires équipant les casques autrichiens existent en deux variantes et sont composées de tissu pour des raisons d’économie et non pas de cuir. Les coiffes intérieures sont quant à elles renforcées par des œillets métalliques.

Il est bon de rappeler que les Tchèques ont récupéré dans les stocks autrichiens de nombreux casques après-guerre. Ainsi dès 1919, des casques autrichiens ont vu leur intérieur modifié, ce changement est nettement visible lorsque l'on analyse les rivets qui, au lieu d’être plats, sont de forme arrondie, il faut donc faire très attention et ne pas se laisser duper.

Ci-dessous, veuillez trouver un classique casque allemand modèle 16 si ce n’est le tampon de la coiffe intérieure, marque d’acceptation du dépôt autrichien ( M.D.5 1917 = Montur Depot situé à Brunn am Gebirge, commune de Basse-Autriche ). On notera par ailleurs l’utilisation de toile de récupération pour les coussinets, tissu d’ameublement sans doute.





                    B ) Le Casque Hongrois.




Casque modèle 17 Hongrois découvert dans un grenier.
Il s’agit d’un souvenir de guerre d’un Italien de la 51ème Brigade présente dans les Alpes.
On notera l'important impact frontal sur l'avant du casque !



Les casques produits par la Hongrie l’ont été durant l’année 1917 et sont assez semblables au modèle autrichien si ce n’est, cette fois-ci, l’absence de rivets pour attaches de jugulaire.
En effet, les attaches de jugulaire sur ce type de casque sont fixées à même le bandeau métallique de la coiffe, il est donc difficile de se tromper une fois l’intérieur du casque analysé.
On retrouve par ailleurs l’utilisation de jugulaires identiques à son allié, l'Autriche, et de coiffes renforcées avec œillets également.

A savoir que les casques hongrois furent employés également par l’Autriche, nul besoin de rappeler que le Royaume de Hongrie forme avec l’Empire d’Autriche, à cette époque, un des Etats d’Europe Centrale.
De plus, plusieurs découvertes permettent d’affirmer que ce type de casque fut utilisé en Alsace en 1918, leur présence sur le front français ne faisant en effet aucun doute!




V - Le Casque : plus qu'un trophée de guerre, un souvenir.



Point de transit aux Etats-Unis où l'on peut remarquer le nombre de casques envoyés aux pays en guise de souvenir.
On notera les étiquettes collées à même ces derniers renseignant sur le destinataire ainsi que ceux annotés.



Le fait de découvrir de nos jours, dans de vieux greniers situés dans des zones qui n’ont pas connu de combats, de nombreux équipements militaires n’est pas innocent.
Cette abondance de matériel ( nous pouvons prendre l’exemple des Etats-Unis avec les casques allemands ) n’est pas apparue là par magie.

Comme nous actuellement, le soldat de l’époque avait au fond de lui ce coté "collectionneur"; l’idée pour ces hommes de rapporter un souvenir du conflit qu’ils étaient en train de vivre était dans chaque esprit.
Les témoignages et nombreuses photos d’époque vont dans ce sens et nous montrent que pour certains combattants, ramener un petit trophée pris à l’ennemi, était devenu "maladif" !




Par ailleurs, pendant le conflit mais surtout bien après, d’anciens soldats et de nombreux civils à l’âme artistique n’hésitèrent pas à prendre comme support les témoins des atrocités de la guerre, des casques ! Ainsi, il n’est pas rare de nos jours de découvrir des stalhelms peints à la main où sont inscrits en guise de souvenir des symboles patriotiques et noms de batailles durement remportées.

A coté de ce type d'objets, on retrouve tout un tas de petites breloques reprenant le graphisme du casque d'acier allemand. Ainsi, des tirelires, pendentifs et autres médaillons virent le jour.




Adieu le petit cochon, voici une tirelire patriotique marquée du célèbre D.R.G.M.









Sources:
- Traduction d'un document allemand : Note sur les casques d'acier - Etat-Major Général ( 2ème bureau ), Juillet 1916
- Le casque d'acier allemand par Ludwig Baer
- Etude sur les coiffes du casque d'acier par 3.Landwehr - Forum Histoire & Militaria 14-18 ( http://lagrandeguerre.cultureforum.net/ )
- Synthèse sur les différentes sociétés employées dans la production des casques allemands et austro-hongrois - Site internet German Helmets inc. ( http://germanhelmetsinc.com/ )

Photographies:
- Archive personnelle
- Georges ( Forum http://lagrandeguerre.cultureforum.net/ )
- Cédric
- Stéphan Lalisse
- François Grouvel ( Forum http://deutschekaisezeit.com/ )
- Brett Butterworth ( Australie )
- Luca Balducci ( Italie )



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