Cliché pris par Georges Tardy en juillet 1916, très probablement à Beaumont, département de la Corrèze.
L’attaque de la tranchée ennemie engendre de nombreuses pertes puisque les soldats, au coup de sifflet, doivent s’élancer à découvert, baionnette au canon, conquérir la position adverse. Ainsi, ils doivent parcourir des dizaines de mètres sans connaître la défense adverse et peuvent, parfois, être stoppés net par des obstacles qu’ils n’avaient pas envisagé ( barbelés, etc … ). C‘est pourquoi, l’Etat Major décida de mettre en place un système permettant de résoudre les inconvénients que l’on peut rencontrer lors d’un assaut; le bouclier roulant !
-Bouclier système Barbières
Note descriptive de ce bouclier roulant datant du 1er Avril 1915
-Bouclier Walter
Extrait du manuel du chef de section 1916:
"Petit abri blindé monté sur 2 roues, pouvant etre dirigé de l'interieur par un homme à genou, qui peut ainsi s'approcher à l'abri d'un réseau ou d'une tranchée ennemie, et tirer ou observer par deux créneaux à opercules mobiles.
On peut y adjoindre un treuil qui permet à l'homme de recevoir des explosifs de la tranchée de départ et peut l'aider à revenir en arrière. Les plaques protégeant la tête et la poitrine sont à l'abri de la balle K (perforante) , le reste (roues, volets, joues, toit ) à l'abri de la balle S même retournée, et de la balle K sous une incidence inférieure à 50 mètres."
Extrait du témoignage de Charles Delvert "Carnets d'un fantasin" en formation à Châlons le 4 août 1916:
"On a expérimenté le bouclier Walter. C'est une sorte de caisse d'acier qui couvre le dos, la tête et les côtes, carapace sous laquelle on s'introduit, et qu'en marchant sur les genoux on peut rouler jusqu'à proximité de l'ennemi sans craindre les balles.
Walter est un ingénieur capitaine de réserve dans un bataillon de chasseurs ( 21ème BCP ). C'est un homme d'une trentaine d'années, long, fort maigre, doté d'une grande barbe blonde. Il porte l'uniforme sombre galonné d'argent des chasseurs. Il nous présente son bouclier de façon claire et fort simple.
A cette expérience assistent le général Gouraud et une affluence de généraux du 9e, du 4e et du 18e corps. La séance s'est terminée par un discours du général Gouraud.
Dans nos offensives, notamment en septembre dernier en Champagne, nous avonstoujours été arrêtés par les fils de fer barbelés, soit que notre artillerie n'ait pas frappé pour les démolir, soit que - placés à contre-pente- elle n'ait pu même les atteindre.
Le bouclier Walter nous donne la solution du problème. Combien avez-vous fait de brèches dans la Somme ? Je vous ai dit cinquante, mon Général, pour rester au -dessous de la vérité.
Cinquante brèches! Et il y a eu un tué et quatre blessés. Encore l'homme tué l'a-t-il été par un coup de fusil parti de chez nous. C'est un de ces accidents impossibles à éviter..."
Ces boucliers roulants arborent, comme vous avez pu le voir, plus ou moins le même profil et ont des buts identiques qui sont de reconnaître l’état des positions ennemies mais également de détruire les réseaux de défenses accessoires qui sont succeptibles d’arrêter l’élan de l’infanterie lors d’une attaque et plus rarement, de section d’appui feu voir même d’attaque.
Ce sont généralement les compagnies de génies qui en sont dotés et selon le papier, ces engins offensifs sont censés protéger efficacement, de face et de flanc, des feux de mousqueteries, des éclats de grenades et de la plupart des éclats d’obus. Les hommes qui les occupent rampent à quatre pattes et ces boucliers leur permettent ainsi d’obtenir une progression en terrain de combat d’environ quarantes mètres à la minute selon les modèles.
Pour finir, nous pouvons donc dire que d’innombrables pare-balles montés sur roue vont être mis à l’essai durant la Grande Guerre mais aucun d’eux ne fut une réussite comme le prouve les témoignages de l’époque mais également les vidéos d’archives.
Ainsi, nous pouvons lire dans le journal de marche officiel du commandement du Génie du 1er Corps d'armée à la date du 28 juillet 1915 (secteur : Nord-Ouest de Reims; Trigny): « Engin nouveau – Bouclier Benazet qui doit abriter une mitrailleuse et ses servants et leur permettre d'avancer en terrain découvert. Cet engin très lourd ne paraît pas susceptible de rendre de grands services. »Par ailleurs, Desmaires du 74RI dit " [...] L'appareil Filloux, sorte de V métallique qu'on fixait au bout du fusil pour couper, d'une seule balle à bout portant, un fil de fer ; le bouclier blindé avec deux trous pour le passage de la cisaille et le mousqueton, dont les roues étaient remplies de sable... Ces appareils sont abandonnés comme fort dangereux... " Pour finir, l’état Major de la 5ème armée propose au 36ème RI dans les bois de Beaumarais dans l’Aisne, le 3 janvier 1915, un bouclier roulant à essai. Le résultat est sans appel puisqu’il est rejetté à l’unanimité ! Vous pourrez retrouvez la totalité de cet essai dans le procès-verbal ci-dessous.
Parralllèlement, les autres armées engagées dans ce conflit employèrent également des boucliers roulants qui ne sont parfois que des plaques de blindage de parapets montées sur un système roulant.
Voici d’ailleurs un bouclier roulant Russe capturé et utilisé par l’armée allemande.
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