Les Baïonnettes allemandes






Une baïonnette est une arme blanche conçue pour s'adapter au canon d'un fusil ou d'une arme similaire et est destinée au combat rapproché. Apparue dès le XVII siècle, elle est toujours utilisée de nos jours mais s’est vu métamorphoser. Il existe des milliers de types de cette arme blanche et presque chaque armée du monde a son, voir ses propre(s) modèle(s) de baïonnette(s).
La convention de Genève a interdit l'usage des modèle triangulaires, cruciformes ou dentelées lors de conflit armé mais cela n‘en a pas empêché leur fabrication ou même leur utilisation durant les conflits que les pays du monde ont connus. Cette interdiction n'est pas innocente puisqu'en effet, les blessures qu'entraînent ces modèles de baïonnettes, considérées souvent comme inhumaines, cicatrisent difficilement.




Différents marquages sont estampillés sur diverses parties de la baïonnette. Ainsi on retrouve souvent sur le pommeau des poinçons de contrôle tout comme sur la chape du fourreau par exemple. Le haut de la lame, partie qui se dénomme le "ricasso", est quant à lui marqué du fabricant ( ou pas ) qui, selon la date de production, peut s'avérer peu courant. A savoir que quelques exemplaires présentent un marquage de chaque côté de la lame, l'un renseignant sur le producteur de la lame, l'autre sur l'assembleur. Par ailleurs, sur la tranche de la lame on retrouve, outre à nouveau des poinçons, une lettre faisant référence au souverain régnant ( exemple du W pour Wilhelm ce qui nous indique une attribution prussienne de l'arme ) ainsi que les deux derniers chiffres de la date de fabrication même si il faut savoir que quelques exemplaires sont dépourvus de ces deux derniers.


Baïonette 98/05 fabriquée par Alex Coppel à Solingen en 1915.


Pour finir, certaines baïonnettes présentent sur la croisière du côté gauche, mais aussi parfois sur la chape du fourreau, un marquage régimentaire qui donne toujours un petit plus à un objet ordinaire. Cette inscription est composée de lettre et de chiffres faisant référence au régiment auquel l'arme est attribuée mais également à la compagnie et au numéro de la baïonnette au sein de cette dernière !
Ainsi, la photo ci-dessous présente une bäionnette S98 du 1er type à dents de scie pour sous-officier. Celle-ci est attribuée au Rheinisches Infanterie-Regiment N°69, 2ème compagnie, arme N°3.
Ce régiment a été créé le 05/05/1860 et était stationné à Trier.





LES PRINCIPAUX MODELES DE BAIONNETTES.




La baïonnette modèle 1871 s'adapte sur le Mauser 1871. C'est une baïonnette avec une poignée en
laiton et ressort de bouton poussoir extérieur. La croisière est en acier avec douille et quillon tandis
que la lame est assez longue et possède une gouttière ronde. Ce modèle existe à lame à dents de scie.
Le fourreau est en cuir avec des garnitures en laiton, on peut aussi le trouver tout en acier.





La baïonnette 71/84 s’adapte au fusil Mauser 71/84. Sa poignée possède 2 plaquettes en bois,
n’a pas de pare-flamme et sa croisière est dotée d’une douille. Cette baïonnette existe avec 2 types de
lame: une lame à gouttières carrées longues (presque jusqu’au bout de la lame) et une lame à gouttières
carrées plus courte. Elle existe aussi en version avec lame à dents de scie mais uniquement pour la
version avec gouttières longues. Un modèle précoce présente une lame de ressort sur le côté droit de la
poignée pour faire office de ressort du bouton poussoir du pommeau. Le fourreau de la baïonnette
71/84 est en cuir et acier.





La baïonnette 84/98 1er type peut s’adapter sur le G98 ou la Kar 98. Il existe 2 type de lame,
l‘une avec gouttières carrées longue et l‘autre avec gouttières carré courte. Les poignées de cette
baïonnette ne sont pas munies de pare-flamme et la croisière possède un quillon. Le fourreau quant
à lui est en cuir et acier.





La baïonnette 84/98 2ème type peut s’adapter sur le G98 ou la Kar 98. Ce nouveau modèle
de 84/98 apparaît en 1915. Il est doté de lame à gouttières rondes qui existe en version standard mais
également à dents de scie. 3 ou 4 fabricants ont utilisé des lames à gouttières carrées comme celles
montées sur les 84/98 1er type mais ces dernières n‘ont pu en aucun cas arborées des dents de scies.
Certains exemplaires du début 1915 ne comportent pas de pare-flamme alors qu’il est monté d’origine
sur tout le reste de la production. A partir du début 1918, le haut commandement allemand ordonne le
meulage des dents de scie pour les troupes sur la ligne de front et on peut ainsi trouver ce modèle avec
lame à scie meulée. Le fourreau de la baïonnette 84/98 2ème type est métallique.





La baïonnette 84/98 3ème type s’adapte sur le K98. Cette dernière possède une poignée avec
pare-flamme et une lame à gouttières rondes. Ce modèle fait son apparition en 1934. Cette baïonnette
va garder la même forme tout au long de la guerre avec comme seules variations le matériau des
plaquettes utilisé et le degré de finition (de plus en plus mauvais au fur et à mesure de l’avancement de
la guerre). Le fourreau de cette baïonnette est métallique. A savoir également que de 1934 à 1937, les
plaquettes sont en bois, de 1937 à 1941 les plaquettes sont en bakélite et après 1941 il y a alternance de
plaquettes bois et bakélite en fonction des différents fabricants. Pour ce qui concerne les marquages, les
codes « S » sont employés de 1934 à 1937, de 1937 à 1940 le nom du fabricant est inscrit en toute
lettres et en 1940 jusqu’à la fin de la guerre le nom du fabricant est codé sous forme de code à 1,2 et 3
lettres. Les plaquettes sont maintenus par des vis et écrous. En 1944 et 1945 certains fabricants
délaissent la visserie pour la remplacer par des rivets pour une fabrication simplifiée.




La baïonnette S98 peut s’adapter sur le fusil G98 ou la Kar 98. Il existe 2 types pour ce
modèle. Le 1er type a une poignée munie d’une plaquette en bois monobloc enveloppante et le 2ème type
a une poignée munie de 2 plaquettes en bois sans pare-flamme. La croisière de cette baïonnette ne
possède pas de douille pour les 2 types tandis que sa lame est très longue et est munie d‘une gouttière.
Ces 2 modèles existent avec lame à dents de scie ( cette dernière étant totalement différente de la lame
banale des S98 ). Les fourreaux peuvent être en cuir et acier ou encore en acier uniquement.
A savoir que cette baïonnette ainsi que son fourreau peuvent être raccourcis d’origine pour certaines
unités par suite d’un encombrement trop gênant dans sa taille d’origine.





La baïonnette KS98 est un modèle très particulier qui ressemble beaucoup à une baïonnette de
tenue de sortie. C’est un modèle tout en acier avec un pommeau en forme de tête d’aigle. 2 plaquettes
qui peuvent être en cuir compressé quadrillé, en bois lisse ou en corne striée, la compose. La lame
comporte 2 gouttières rondes avec scie d’origine et n’existe que dans cette configuration. On peut
rencontrer des lames à scie meulées mais jamais de lames standards (dans ce cas c’est une tenue de
sortie). Le KS98 comporte des poinçons sur le pommeau et des marquages sur le dos de la lame.
Son fourreau quant à lui est métallique.





La Baïonnette 98/05 s’adapte sur le G98 et la Kar 98. Cette baïonnette existe en deux variantes. La
première possède une poignée sans pare-flamme ( hormis pour un modèle dit hybride du tout début
1915 ) avec 2 plaquettes en bois et une croisière comportant un quillon et 2 embryons de douille très
saillants. Ce modèle est muni d’une grosse lame à gouttières rondes qui s’élargit vers la pointe qui peut
être de type standard, à dents de scie ou à dents de scie meulées. Le fourreau de cette baïonnette
premier type est en cuir et acier. La deuxième version quant à elle apparaît dès le début de l’année
1915. Elle possède 2 plaquettes en bois ainsi qu’un pare-flamme ( hormis pour un modèle dit hybride et
qui date de l‘année 1915 ). Sa croisière comporte un quillon et des embryons de douilles beaucoup
moins saillant que pour le premier type. Sa lame est identique à la première version et sont fourreau est
tout en acier.





La baïonnette S14 est munie d’une poignée avec 2 plaquettes et sans pare-flamme dans la majeure
partie des cas. La lame quant à elle est à gouttière ronde, hormis 1 fabricant qui a utilisé une lame à
gouttières carrées et un fourreau ersatz. Ce modèle existe aussi avec lame à scie et scie meulée. Il existe
également un modèle avec douille pour montage sur le fusil G88. Le fourreau de la baïonnette S14 est
métallique.





La baïonnette S14 de type GOTTSCHO peut s’adapter sur le G98 ou la Kar 98. Son nom
vient du fait qu’elle a été fabriqué par la firme du Dr Lucian GOTTSCHO. Cette baïonnette possède
une poignée avec une seule plaquette monobloc sans pare-flamme qui est maintenue par 2 vis. De plus,
la croisière comporte un quillon et la lame est à gouttières rondes mais peut exister également à dents de
scie. Le fourreau de cette dernière est métallique.




La guerre perdurant, le besoin de matériel est de plus en plus important. Ainsi dès 1915 les allemands
décident de fabriquer des baïonnettes simplifiées en plus de la production normales. Ces dernières
qu’on appellera baïonnettes ersatz doivent être de conception simple pour une fabrication
rapide et peu coûteuse. Leur fabrication, en plus des usines spécialisées, seront faites par des petites
unités de production qui n’étaient destinées à l’origine qu’à la fabrication de matériel agricole par
exemple. Ils existe une multitude de variante de ce genre de baïonnettes tout comme leur fourreau.





Il existe une multitude de variantes pour les modèles dits de "sortie". Les plus courants sont
ceux de type KS98, c’est à dire poignée avec pommeau en forme de tête d’aigle, plaquettes en cuir
compressé quadrillé, bois quadrillé et matériaux composite quadrillé pour l’époque WWII. La croisière
est avec quillon. Les lames sont de différentes tailles et sont standards ou à scie. Pour les modèles WWI
elles sont principalement en acier poli ou nickelé. Même chose pour la période entre deux guerre. Au
cours de la WWII elles sont principalement en alliage léger et nickelé. On trouve aussi des baïonnettes
dotées de plaquettes en corne non quadrillées. Toutes ces baïonnettes sont dépourvues de poinçon de
contrôle. Le nom du fabricant est généralement marqué sur le talon de lame mais certaines sont vierges
de tout marquage. Certains propriétaires ont personnalisé leur baïonnette en y ajoutant un monogramme
ou une insigne d’unité sur la plaquette droite. On trouve des modèles avec lame gravée. On peut y lire
des marquages d’unité, des marquages souvenir du service militaire ou des marquages de récompense
attribuée en principe à des officiers. Il existe aussi un modèle dit « pionnier » dont la poignée ressemble
à la forme de celle de la K98 mais avec des plaquettes quadrillées et croisière sans quillon. La lame est
à gouttières rondes et sans dents de scie. Il y a aussi les modèles qui ressemblent aux modèles de sortie
mais qui sont des armes de service. Ces baïonnettes ont un pommeau en forme de tête d’aigle et des
plaquettes quadrillées. La croisière comporte un quillon. La lame est à gouttières rondes. Ces
baïonnettes sont en acier poli et de construction plus robuste et de meilleure qualité. Elles ont été
affectées aux Douanes et à la Police en tant qu’armes de service.









Sources et photographies:

- Article élaboré et illustré par Alain Mesrine, le tout agrémenté par quelques photos de ma collection personnelle.



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